• - Alex Rossi feat. Jo Wedin : Tutto va bene quando facciamo l’amore

    - Jo Wedin : Passionfruit

    - Niki Demiller : Ça monte

    - The Specials : Vote for me

    - Edwyn Collins : In the morning

    - Lisa Melissa & The Mess : Je broie du noir

    - H-Burns : Tigress

    - Steve Gunn : New Moon

    - Jean Felzine : Nouvel Orphée

    - Richard Hawley : Alone

    - Ride : Future love

    - The Blue Herons feat. Thierry Haliniak : Another chance

    - Accident : Oh Amalia

    - Céline Tolosa : Qui je suis

    - Morrissey & Billie Joe Armstrong : Wedding bell blues


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  • Interview d'Accident, 24 juin 2019.

    Par Gérald PETITJEAN.

    Cette interview a été réalisée le 16 mars 2019, à l'occasion de la sortie de  la sortie du maxi EP d'Accident "Dernier Voyage", sur Little John - le label.

     

    Interview d'Accident (24 juin 2019)

    Gérald : Comment avez-vous démarré la musique ? Quand avez-vous eu envie de faire de la musique ?

    Jérémy : Depuis que je suis gamin, j’ai envie de jouer de la musique. On a un oncle qui joue de la basse, et qui était dans un groupe de jazz. J’ai des souvenirs les avoir vus en concerts. Ca m’avait impressionné. Ma mère m’en parle encore.

    Laurent : C’est venu un peu plus tard. Notre cousin Romain jouait déjà de la musique (ndlr. Romain Guerret, leader du groupe Aline, et qui se cache aussi derrière les projets Dondolo et Donald Pierre) ; il avait six ans de plus que nous. Et je me suis intéressé aux samplers et aux synthés. Jérémy faisait de la guitare.

    J : Oui, j’avais pris quelques cours de guitare vers l’âge de 10 ans. Auparavant, à 8 ans, ma mère m’avait inscrit à des cours de piano. Et ça n’avait pas du tout fonctionné. Le prof était hystérique, il a failli me dégoûter de la musique.

    L : Je suis beaucoup plus autodidacte. Je bidouillais des machines.

    G : Et vous avez tout de suite eu envie de jouer ensemble ?

    J : A la fin du collège, au début du lycée, on a formé un groupe. Avec un copain batteur, Damien. On faisait des reprises des Pixies.

    L : On s’appelait les Seixip. Pixies à l’envers !

    J : On a encore les cassettes de l’époque. Je crois qu’il ne faut pas essayer de les écouter (rires). Ensuite, on a une période Sonic Youth. On n’écoutait que ça. Puis, Laurent s’est mis plus sérieusement à la musique quand il a découvert les logiciels de MAO (Musique Assistée par Ordinateur).

    L : C’était quand on était étudiants à Lyon. Entre 2000 et 2005. On jouait d’ailleurs avec Rémi, qui a intégré Accident pour jouer en concert. On s’intéressait beaucoup aux groupes anglais, et aussi aux groupes français qui avaient digéré leurs influences anglaises. On avait compris qu’on pouvait faire autre chose que de la chanson et que de l’électro, qu’il y avait une autre discipline qui s’appelait la pop. Et on a créé Accident en 2009. On a fait quelques tentatives de textes en anglais sur le premier album. Mais ça sonnait un peu fake car on n’est pas bilingues. Donc on s’est mis écrire uniquement en français.

    J : On a racheté des vieux synthés, notre son devenait plus typé, plus cadré.

    G : Laurent, tu as ensuite rejoint les projets de Romain Guerret, Dondolo, Youg Michelin, puis Aline.

    L : Oui. Romain avait besoin de monter un groupe pour jouer les morceaux du deuxième album de Dondolo sur scène. Et je l’ai accompagné aux claviers.

    G : Dans la famille, vous êtes tous musiciens ! Ce n’est pas banal.

    L : En fait, on n’est quatre à jouer de la musique : notre oncle, Romain, Jérémy, et moi.

    G : Vos parents aimaient la musique ?

    J : On écoutait quand même beaucoup de musique dans la famille. De la variété. Du Michel Sardou.

    L : Michel Delpech. Les Bee Gees. Ça nous a bercés.

    J : Finalement, c’est resté dans notre cerveau.

    L : D’ailleurs, on écoute beaucoup de musique des années 80 ou des yéyés. Des trucs de niche.

    J : Des one-hit wonders. Il y a des super morceaux. Par exemple « Des requins dans ma radio » de Mylène. C’est un peu du Cyndi Lauper en français.

    L : A l’époque, dans les années 80, ils cherchaient vraiment des sons originaux.

    J : C’était un foisonnement de trucs un peu barrés. Qui n’ont pas toujours eu du succès.

    G : Jérémy, tu as ensuite remplacé Laurent, pour jouer des claviers dans le groupe Aline. Pendant cette période Dondolo – Aline, vous avez toujours continué Accident ?

    L : Je n’étais pas très disponible. Mais dès qu’on avait un peu de temps, on jouait ensemble, on cherchait des idées, on composait.

    Interview d'Accident (24 juin 2019)

    G : Dans l’EP "Dernier Voyage", qui vient de sortir, il y a des morceaux qui datent de cette époque ?

    J : Non. Ce sont des morceaux composés assez récemment. Le plus vieux date de 2015, c’est « Dernier Voyage ».

    J : La démo de « Dernier Voyage » était d’ailleurs quasi-instrumentale.

    L : On a fait beaucoup de tests de textes. Mais qui ne fonctionnaient pas. Et il y a eu un déclic.

    J : On savait que la musique était super.

    G : Votre EP est une sorte de kaléidoscope des années 80. Comme six vignettes Panini, qui illustrent des styles différents des années 80.

    J : Ce sont toutes nos influences digérées et transformées, qui se retrouvent dans une création personnelle, sans faire de copier-coller. Notre style, c’est de la weird pop.

    G : Le morceau « Dernier Voyage » est une synthèse de tout ça. Avec les guitares « ligne claire », les nappes de synthés, la voix très éthérée et légèrement trafiquée.

    L : Oui. « Sur la route » regroupe aussi beaucoup d’influences.

    J : « Oh Amalia » est très indie. C’est complètement « ligne claire », dans la lignée de Sarah Records. "Amour, Gloire et Beauté", c’est un peu une référence au funk blanc, dans le style Chagrin d’Amour. Satirique, avec de la dérision, sur le fil du rasoir.

    G : Le début me fait penser à « J’veux pas rentrer chez moi seule » de Regrets. Dans la deuxième partie, ça part dans un style plus New Order période Ibiza.

    J : On voulait faire un morceau dansant, mais un peu bizarre. Des couplets avec des synthés entêtants, puis des refrains qui ouvrent sur un autre esprit.

    L : Dans les textes, on voulait faire quelque chose de rigolo. Sans tomber dans le sketch des Inconnus.

    G : Il y a un morceau qui est assez singulier. C’est « Déjà vu, déjà fait ».

    J : C’est très gainsbourien. Au départ, ça ne devait pas être une chanson. Je venais d’acheter une boîte à rythmes Yamaha. Je voulais la tester, en faisant un beats cyclique. Avec les nappes de claviers, ça ressemblait à un reggae bizarre.

    G : Ça me fait penser au deuxième album des Specials. Une rythmique reggae ska, mais avec un tempo assez lent, des voix éthérées et très blanches.

    J : Le texte qu’a trouvé Laurent est super. Ce concept de listing de ce qu’on a fait ou pas fait dans sa vie.

    L : C’est venu naturellement. J’ai voulu jouer avec le côté cyclique de la musique.

    G : Comment avez-vous choisi l’ordre des morceaux de l’EP ? En particulier le premier morceau, « Dernier Voyage », et le dernier, « Amour 95 ». Car on a l’impression que ces deux chansons se répondent. On commence par le dernier voyage et on termine par un retour dans le passé, un peu nostalgique.

    L : « Dernier Voyage », c’est la chanson du dernier amour. Et « Amour 95 », celle du premier amour.

    J : Effectivement. La boucle est bouclée. Mais on ne l’a pas fait consciemment.

    L : Pour le tracklisting du disque, il a fallu prendre en compte les bpm. Ça nous a pas mal embêté. Sur scène, on fait l’inverse : on termine par « Dernier Voyage ».

    J : En fait, il fallait créer une dynamique. On n’avait pas trop le choix pour bien placer « Amour, Gloire et Beauté », qui est le morceau plus lent.

    G : Sur scène, vous êtes trois. Avec Rémi qui vient vous épauler à la guitare et aux claviers. Ça amène une vraie épaisseur, de la densité.

    J : C’est top. Tout est quasiment joué live, sauf les rythmiques. Du coup, on se fait vraiment plaisir. Et ça nous permet de nous concentrer sur le chant.

    Interview d'Accident (24 juin 2019)

    G : Vous m'avez dit que vous aviez joué avec Rémi quand vous étiez au lycée. Il a été partant tout de suite quand vous l’avez contacté pour rejoindre Accident en concert ?

    J : Il était ravi. Ça faisait un petit moment qu’il n’avait pas joué dans des groupes. Même s’il joue régulièrement du piano chez lui.

    L : Il a été emballé par le projet. C’est rigolo de rejouer avec ses potes de lycée, presque vingt ans après.

    J : C’est le revival de Spacious Dump !

    (Rémi vient de nous rejoindre)

    G : Et toi Rémi, qu’est-ce que tu as pensé quand ils t’ont demandé de jouer avec eux sur scène ? Tu as été partant tout de suite ?

    Rémi : J’étais content qu’ils m’appellent. Ça m’a donné envie de partir à l’aventure. Je me suis quand même posé des questions avant d’accepter car ça faisait quinze ans que je n’avais pas joué sur scène, et que je n’écoute pas trop de pop.

    G : Quelle musique écoutes-tu ?

    R : Beaucoup de punk et de rock. Des groupes comme Protomartyr, Uranium Club.

    G : Quelle suite vous envisagez, après les concerts qui ont eu lieu en mars, et ceux programmés fin juin ?

    J : On aimerait bien partir en tournée en province.

    L : Et ajouter trois morceaux plus anciens, pour faire 45 ou 50 minutes. On a d’ailleurs intégré un vieux morceau dans notre setlist de concert : « Pas vraiment ».

    J : On sait qu’on peut compter sur des gens pour aller jouer à Bordeaux, Lyon, Toulouse.

    G : En concert, ça pourrait être chouette de faire une reprise.

    L : Oui reprendre un morceau d’un style complètement différent. Un vieux titre de soul par exemple. Et l’amener dans une direction plus électro.

    J : Un morceau de Franki Valli et des Fours Seasons. Je suis vraiment fan des Four Seasons.

    G : J’ai cru que tu allais me dire Franky Vincent …

    J : Remarque, ça pourrait être drôle et bizarre.

    G : Comment s’est passée la sortie de l’EP ? C’est la première sortie du label Little John, créé par Baptiste (ndlr. mon frère, co-créateur et co-animateur du blog Little John’s Pop Life) ?

    J : C’est super. Il est passionné. On se connaît depuis longtemps. Depuis la période Young Michelin et Aline. Avec Aline, on avait même embarqué Baptiste dans le camion de tournée ! On avait bien rigolé (Aline On Tour - En tournée électrique avec Aline).

    L : Et il s’est bien défoncé pour la promo, à l’occasion de la sortie de l’album : des concerts, des interviews, l’émission de télé de Jacky sur IDF1, une émission de radio.

    Interview d'Accident (24 juin 2019)

    G : On va terminer avec l’interview Dernier Coup. Dernier coup de cœur ?

    J : Le sandwich américain de la brasserie Barbès. Au bœuf de Galice.

    R : Un kebab. J’étais bourré.

    J : En musique, c’est « Autoroute » de Limousine. C’est un morceau assez krautrock.

    L : « Enfant », de Rouge Gorge. C’est très synthpop.

    R : Uranium Club. « Who made the man ? ».

    G : Dernier coup de rouge ?

    J : Hier soir, avec Baptiste.

    G : Dernier coup de gueule ?

    J : Avec OUI GO. Pour venir en train à Paris. Ils nous ont fait payer un supplément bagage pour nos instruments.

    R : Le chauffeur Uber qu’on a pris hier. Pas sympa. Il ne voulait pas qu’on mette nos instruments dans la voiture.

     

    Accident sera en concert le samedi 29 juin au Bus Palladium (6 rue Pierre Fontaine - 75009 Paris) et fera un DJ set le vendredi 28 juin Chez Tony - Taproom Gallia (2 rue des Petites Écuries - 75010 PARIS)

     

    Pour suivre les actualités d'Accident :

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         - Twitter : https://twitter.com/accident7

     

    "Dernier Voyage", le maxi EP d'Accident, peut être commandé en MP via le compte Facebook de "Little John - le label" (vinyle : 14 Euros, CD : 6 Euros) :

         - https://www.facebook.com/Little-John-le-label-300934140560329/


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  • Interview de Nicolas Vidal, 14 juin 2019.

    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Interview de Nicolas Vidal (14 juin 2019)

    Baptiste & Gérald : Comme tu le chantes dans ta chanson « Pop boy à Paris », tu es d'influence plutôt anglo-saxonne bien que tu privilégies le chant en français. Comment expliques-tu ce croisement ?

    Nicolas Vidal : Concernant l'écriture en français, il est bien entendu plus simple d'écrire dans sa langue. J'ai fait quelques tentatives en anglais sur mon deuxième album avec deux titres en anglais dont la finalisation m'a pris un temps fou… Depuis les années 60 et les Beatles, la musique anglo-saxonne et anglaise en particulier influence le monde entier : si tu aimes la pop, tu aimes forcement la musique anglaise. Cela dit pour le morceau « Pop boy à Paris », j'avais envie de me moquer un peu de cette tendance qui a imposé de faire du rock ou de la pop en anglais, et qui disait qu’Indochine ou BB Brunes c'était pas terrible. Au contraire je pense que la pop en français a eu de grands noms, des noms qui sont aussi important à mes yeux que les grands noms de la pop anglaise.

    B & G : A qui penses-tu en particulier ?

    NV : Au début des années 80 en France, la période rose bonbon, Taxi Girl, Elli et Jacno, Indochine dans un genre plus mainstream. Daho aussi, Lio. Toute cette scène de la fin des années 70-début 80 a été, à mes yeux, le vrai âge d'or de la pop en français. Je suis né en 76 et j'écoutais tous ces gens quand je suis sorti de Chantal Goya et de Karen Cheryl. Et puis vers 10 ou 11 ans, le plus grand choc est tout de même venu de l'Angleterre : Depeche Mode et The Cure, c'étaient des groupes de new wave mais avec des morceaux très mainstream en même temps. Bref toute la musique que j'ai écoutée entre 10 et 15 ans a forgé toute la base de ma culture musicale. J'insiste sur le fait que quand tu es enfant tu ne te mets pas de barrière dans ce que tu écoutes : il n'y a pas ce qui est hype et ce qui n'est pas hype, il y a juste de bonnes mélodies. Et puis si tu prends tout simplement Lio et son album le plus connu Pop model, tu te rends compte que ce sont de super mélodies mais que la production est également très pointue, avec la participation de John Cale, Jacques Duvall, Alain Chamfort. Ce ne sont pas n'importe qui !

    B & G : Il y a un problème français vis-à-vis de la pop ?

    NV : Il y a un problème de snobisme en France. En Angleterre tu peux aimer Kylie Minogue et Franz Ferdinand, cela ne pose de problème à personne. Quand je sors mon premier album en 2011, Lio n'était pas complètement réhabilitée, comme elle l'est maintenant. Il ne fallait jurer que par Dominique A, Miossec, Vincent Delerm.

    B & G : Certaines chansons de Bleu piscine nous ont fait penser au dernier album de Pascale Borel...

    NV : J'aime beaucoup Pascale, j'aime beaucoup Mikado aussi d'ailleurs. Pascale avait accepté de venir chanter sur scène avec moi pour la sortie de mon premier album. Je l'avais rencontrée à l'occasion d'une interview pour la sortie de son premier album solo Oserais-je t'aimer. C'est la première artiste à avoir beaucoup compté pour moi qui a accepté de collaborer sur l'un de mes morceaux. Cela me permettait de raccrocher les wagons de cette pop que j'ai tant aimée pendant mon enfance et mon adolescence. C'était comme un certificat !

    B & G : Tu t'es aussi essayé à la chanson en italien. Le morceau "Amore", extrait de l’album Les nuits sereines n’existent pas, est superbe…

    NV : Merci. La chanson "Amore" ne devait pas être sur l'album au départ. C’était la musique du film “Maîtresse”. Le réalisateur Olivier Briand, un ami, qui réalisait son premier court-métrage, avait besoin d’une chanson italienne, et il avait choisi une chanson des années 60, très nostalgique. Sauf que les droits pour utiliser la chanson dans le film coûtaient très chers.  Le film était déjà tourné, alors il m'a demandé de lui faire une chanson en italien pour le film. Le temps et le budget ne me permettaient pas de faire une chanson se rapprochant des arrangements d'une chanson des années 60, mais je lui ai proposé de faire une chanson un peu plus italo-disco. Avec Thierry Garacino qui travaillait avec moi sur mon deuxième album, on s'est lâchés ! J'ai réécouté Valérie Dore, deux de ses 45 tours que j'adorais. La structure de ce morceau n'est pas commune, afin de respecter le timing du film : il y a une intro, un premier couplet, un refrain et ensuite on a deux couplets. J'ai demandé à Pascale Daniel de faire les chœurs. Très vite après la projection du film, dont le morceau est également devenu le générique de fin, j'ai senti que le public réagissait très bien. Alors j'ai décidé de la mettre sur le troisième album et de tourner un petit clip dans les Pouilles… Et puis cela fait le lien avec un certain courant de la pop française qui était très portée sur l'Italie : Daho, Lilicub etc. D'ailleurs, dans un genre un peu différent de la pop anglaise, la musique italienne est plus spontanée que la musique française… Qu'on parle du mouvement High Energy, ou de Sabrina, bien qu'elle soit le cliché de la chanteuse bimbo, c'était super bien produit et assez queer. Cela m'a autant construit que Question of Lust de Depeche Mode. Il y avait moins de complexe à l’époque : l'imagerie des Pets Shop Boys, de Franky Goes to Hollywood… Après on est revenus à un certain puritanisme, avec pas mal de critères hétéro-normés dans la pop, même si je n'aime pas trop utiliser ce terme. En France, on n'a pas trop connu ça, un peu avec l'Indochine des années 80 qui avait le mérite d’amener la question du genre dans la pop mainstream.

    B & G : Avant de synthétiser toutes ces influences, tu as eu une formation musicale ? Tes parents écoutaient quel genre de musique ?

    NV : Comme beaucoup d'enfants, j'ai fait un peu de solfège mais ça m'a gonflé rapidement. En revanche, dans ma famille, la culture était très importante : il y avait beaucoup de livres chez moi, des disques… J'ai commencé à faire du théâtre à 11 ans. Mes parents écoutaient Brel, Nougaro, Brassens Led Zeppelin, Deep Purple, Bernard Lavilliers… Cela ne me parlait pas beaucoup à l’époque, mais le point de ralliement  était fait par France Gall, qu’ils écoutaient beaucoup et que j’adorais. Ils m'ont emmené voir des concerts très tôt. Les immanquables des années 80, Chantal Goya, Jean-Jacques Goldman, Mylène Farmer, Depeche Mode. Cela dit mes idoles, quand j'étais plus jeune, étaient dans le cinéma. J'étais fan de Mickey Rourke et de Béatrice Dalle. Côté réalisateurs, j'adorais Bertrand Blier, Jim Jarmusch, des choses plus indépendantes. En revanche, je suis passé complètement à côté des bandes originales, sauf peut-être celle d’Arizona Dream. Gamin, mon film préféré était "L'histoire sans fin", j'étais fan du morceau « NeverEnding Story ». Je ne savais pas que c’était Moroder à l’époque.

    B & G : Tu t'es mis ensuite au piano en autodidacte ?

    NV : La veille de mon départ pour Paris où je suis monté à 24 ans pour faire du théâtre, je vais boire un verre avec une amie qui me présente alors son nouveau mec, Sébastien. Il était musicien, il avait un groupe. Et il me lance sur le fait qu'il a appris que j'écrivais des textes, des poèmes… Je lui laisse quelques textes, je pars à Paris, et quelques semaines après il m'appelle pour me dire qu'il a trouvé une mélodie sur l'un de mes textes, un texte intitulé « Septième Art », une chanson sur le cinéma, y'a pas de hasard ! Il me joue l'instrumental au téléphone. Je trouve ça super ! Je suis venu à la composition de musique par l'écriture : j'écrivais beaucoup de textes, j'avais des mélodies en tête, et quand je revenais chez moi à Bordeaux, on trouvait des mélodies plus fines, des arrangements. A la fin de mes cours en 2003-2004, je monte une pièce, dont les scènes devaient être reliées par des chansons. Alice Bassié, que j'ai rencontrée via les petites annonces de la Sacem, a travaillé des mélodies sur mes textes… Au final, j'avais plus de 20 chansons, et j'ai décidé de faire un petit concert. Je sentais qu'il y avait plus d'émotions avec mes morceaux que lorsque je jouais au théâtre… J'ai donc arrêté le théâtre pour me consacrer à la musique. Je faisais des choses très “chanson” à l’époque. Peu après, au Pop In, je rencontre Anne et Guillaume qui faisaient  de l'électro sous le nom de Radioedit. Ils me proposent de tester des synthés et m’apprennent les rudiments de Cubase. Je découvre les samples, les boîtes à rythmes… Et je me mets à la pop. La plupart des chansons de mon premier album sont issues de cette période.

    Interview de Nicolas Vidal (14 juin 2019)

    Photos de Sébastien Navosad

    B & G : Comment se déroule l'enregistrement de ton premier album ? 

    NV : Un ami me présente le manager de Matmatah, groupe qui était en train de se séparer à ce moment-là. Eric, le bassiste du groupe, cherchait des projets à réaliser, à produire. Il a beaucoup aimé mes maquettes, contre toute attente, car on ne venait pas vraiment du même monde musical ! On se rencontre à Paris, il me dit qu'il est tout à fait sensible à mes influences Jacno, Mikado… Me voilà parti en Bretagne, en 2011, pour travailler mes chansons avec lui. Je me retrouve en studio, mais je ne sais pas comment cela fonctionne ! Par exemple, je ne savais pas qu'on enregistrait normalement une voix témoin, et puis qu'on supervisait l'enregistrement par ailleurs. Ce n'est qu'au bout du cinquième jour qu'Eric m'a dit que ce n'était pas nécessaire que j'aille chanter à chaque fois que les musiciens jouaient ! Thierry Garacino devait au départ mixer l’album, mais il m'a aidé à retravailler quelques chansons, à rendre plus pop certains titres qu’on avait emmenés vers un son que j’aimais moins par la suite… Deux réalisateurs pour cet album donc, qui ont été ultra bienveillants et ouverts, auprès de qui j’ai beaucoup appris !

    B & G : L'enregistrement du deuxième album semble t'avoir définitivement orienté vers la musique ?

    NV : D'abord, c'est l'album où j'ai vraiment défini mon style. Et puis après avoir découvert l'enregistrement en studio, je n'arrêtais pas d'écrire et de faire des maquettes. Ma force était de ne pas être musicien : je compensais ma faiblesse technique par des gimmicks. C'était très raccord avec ce que j'écoutais. D'ailleurs, il y a deux morceaux que j'avais composés à l'époque du premier album qui se sont retrouvés sur le troisième : « Pop boy à Paris », et « Sous ton ombrelle ». Il y a un fil tout de même dans cette décennie de musique ! Maintenant que j'ai défini un socle, j'ai plus envie de faire des collaborations.

    B & G : Dans la scène française actuelle, qui t'a le plus marqué ?

    NV : Musicalement, je me sens assez proche de Cléa Vincent, et de sa légèreté mélancolique. Quand j'ai écouté sa musique, j'ai senti une familiarité d'influences et de spontanéité. Cela dit, on a l'impression que c'est simple ce qu'elle fait, alors que ses compos sont très travaillées, avec des accords particuliers. Après, je me sens assez proche de ce que fait Romain Guerret, ou plutôt je sens qu'on a écouté les mêmes choses quand on était plus jeunes. J'adorais son projet Dondolo, qui était très en avance sur ce style années 80, avec des synthés, un mélange de Gotainer et d’italo-disco. J'aime beaucoup Niki Demiller aussi, c’est un super mec. On a un projet de spectacle basé sur des chansons de Françoise Sagan. On ne vient pas du même monde musical, il est plus rock que moi. Mais on se retrouve sur plein d’influences malgré tout. Il a un vrai talent de compositeur et d'arrangeur. J'ai très hâte d'écouter son album. J'aime beaucoup Jo Wedin & Jean Felzine ; Jean Felzine écrit de très beaux textes, il chante et joue admirablement bien. J'aime beaucoup le projet très soul de Jo Wedin : on est tous avec nos synthés, et elle, elle revient dans ce style très produit, acoustique… J'aime beaucoup Adrien Gallo aussi, son album solo Gemini m'a subjugué. Le morceau "Oslo" est un chef d'œuvre à mes yeux. C'est très fin, tout comme ce qu'il a écrit pour Vanessa Paradis. Et puis Loane, je trouve son dernier album vraiment très réussi. J’aime quand les chanteuses font elles-mêmes leurs prods. C’est souvent très personnel. C’est le cas de cet album.

    B & G : Et tu as une double vie : parle-nous de Faces Zine, le webzine dont tu es le fondateur.

    NV : Ma première motivation était que je voulais me remettre à la photographie. Parallèlement à la musique, j'ai bossé dans la mode pendant plus de quinze ans. Et j'avais toujours bien aimé les numéros de fin d'année de Vogue dans lesquels tu pouvais lire des portraits d'artistes, où figuraient des photos persos, leur playlist etc. Donc j’ai créé un format d’interview à laquelle j’aurais aimé participer en tant qu’artiste. J'ai commencé par interviewer Constance qui joue avec moi sur scène, pour son projet Une Femme Mariée, puis Pierre Faa. Pour le troisième numéro, j'ai interviewé Pascale Borel. Cléa Vincent a rapidement accepté, tout comme Romain Guerret, Jean Felzine et Jo Wedin, Bertrand Burgalat... Ça a vite pris au niveau des artistes, des attachés de presse… Et puis, grâce à Jeanne, la copine de Romain, on m’a proposé de rejoindre un programme d'incubation, ce qui a fait passer un cap à Faces. Pour moi, c'est faire de la musique d'une autre manière, en faisant la promo des groupes et artistes que j'aime. Et défendre aussi la musique pop qui est moins mise en avant. 

    B & G : Quels sont les projets sur lesquels tu es en train de travailler ?

    NV : J'ai réalisé avec Valentin Aubert l'album d'Emma Solal qui est sorti cette année, et j'ai écrit des chansons pour elle. Et puis j'ai travaillé sur quelques morceaux pour moi, j'en suis aux prémices de mon quatrième album. J’ai envie d’aller sur quelque chose de plus soul. J'ai envie d'élargir ma palette. J'ai fait mon album Lio, j'ai envie de passer à Diana Ross maintenant ! Mais j'ai surtout un projet de scène et d’album : des reprises de chansons écrites par Françoise Sagan pour Régine, Mouloudji, Gréco… Je vais le faire avec Niki Demiller qui s’occupe des arrangements. J'essaie de raccrocher ces chansons à mon univers personnel. Ça s'appellera “Ma mère s'appelle Françoise”.

    B & G : On passe à l'interview « Dernier coup ». Ton dernier coup de rouge ?

    NV : Cela me fait penser au carton rouge : je revendique assez facilement le fait d'être homo dans mes chansons, et quand je vois toutes les agressions homophobes aujourd'hui, ça me choque énormément. Les artistes devraient plus se mobiliser en en parlant plus, plutôt que de se cacher derrière une pseudo “vie privée” un peu hypocrite…

    B & G : Dernier coup de cœur ?

    NV : Sur le plan musical, c'est un chanteur canadien qui s'appelle MorMor, il a sorti deux EPs, à la fois pop et soul, très beaux et délicats.

    B & G : Dernier coup de blues ?

    NV : J'ai été très déçu par le dernier album de Vanessa Paradis. Mais bon, je l’adore quand même.

     

    Nicolas Vidal sera en concert le 27 juin au Blackstar (6 passage Thiéré - 75011 Paris) : soirée "This Is French Pop #5", avec Jean Felzine et La Standardiste.

     

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  • Le jeudi 28 juin, ne manquez le DJ set d'Accident (Chez Tony - Taproom Gallia, 2 bis rue des Petites Écuries, 75 010 PARIS).

    Pour cette occasion, Accident nous a concocté une playlist 100% French Pop !

    La Playlist French Pop d'Accident

     

    - Laurent Voulzy : Le miroir

    - Véronique Jannot : Love me encore

    - Mylène : Des requins dans ma radio

    - Bisou : Glace à la vanille

    - Orlane Paquin : Le train de 10h03

    - Chantal Goya : J'ai le cœur en joie, j'ai le cœur en peine

    - Patricia : Mes rêves de satin

    - Bistrock : L'école du rock'n roll

     


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  • - The Specials : Embarrassed by you

    - Jean Felzine : L'amour libre

    - Aline : Ce soir la lune sera bleue

    - The slow Sliders : It's hard to hate

    - The Artisans : A week of Wedenesdays

    - Pleasures : Feel it rise

    - Cour de Récré : Giscardpunk

    - Accident : Amour, gloire et beauté

    - Séverin : Elle est là

    - Orouni : Son of mystery

    - Alma Forrer : Conquistador

    - H-Burns : Crazy Ones

    - Baptiste W. Hamon : Je brûle

    - Jo Wedin : Standing in your shadow

    - Hailey Tuck : Underwear


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