• Concert de Morrissey au Grand Rex (Paris), le 27 octobre 2014.
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Live report : concert de Morrissey au Grand Rex (27 octobre 2014)

    Après les révélations sur son état de santé (traitement d’un cancer) et les annulations de certains concerts, une question trottait dans nos têtes : comment va Morrissey ? La réponse est arrivée très vite : Morrissey est en grande forme, parfaitement accompagné de son gang de cogneurs, le fidèle Boz Boorer en tête.

    Le concert démarre avec un The Queen is Dead nerveux et sec, alors qu’une une photo de la reine d’Angleterre faisant des doigts d’honneur est projetée sur le grand écran. Le nouvel album « World Peace Is None of Your Business » est joué presque en intégralité. On retiendra en particulier la superbe interprétation d’Asleep et de I’m Not a Man, le morceau Speedway issu du classique « Vauxhall and I » qui fête cette année ses vingt ans, ainsi que le rappel en forme de feu de d’artifice, composé de Suedehead et Everyday is like Sunday. Pendant ce rappel, les musiciens reviendront d’ailleurs vêtus d’un T-Shirt « Fuck Harvest ». Le message en direction du label qui a viré Morrissey juste après la sortie de son nouvel album est parfaitement clair !

    Morrissey nous a aussi gratifiés de quelques moments dont lui seul a le secret, alternant humour et colère. Humour d’abord quand il raconte que la plus grande réussite de sa vie est d’être né le même jour que Charles Aznavour. Colère ensuite : The Bullfighter Dies aux paroles clairement anti-tauromachie n’est que le prélude à une version effrayante de Meat is Murder, illustrée par des images insoutenables d’animaux égorgés dans des abattoirs ou maltraités en batterie d’élevage.

    Mais un concert de Morrissey est bien plus qu’un concert : c’est peut-être la dernière possibilité de rassemblement de la communauté indie pop autour d’une icône. Le Moz vient ainsi toucher les mains des quadras en transe au premier rang, il passe sa main sur son front pour éponger sa sueur puis leur transmettre son fluide divin. La soirée se termine sur une incroyable scène d’eucharistie : le Moz torse nu donne sa chemise aux fans, qui se battent pour récupérer des fragments de relique, avant que la sécurité ne découpe la chemise et ne distribue des petits morceaux de tissu sacré aux disciples.

    Hasard du calendrier, la semaine de pèlerinage Smiths continue : Johnny Marr sera en concert le lundi 3 novembre au Trabendo.

    Setlist: The Queen Is Dead << Speedway << Kiss Me a Lot << I'm Throwing My Arms Around Paris << World Peace Is None of Your Business << Neal Cassady Drops Dead << Istanbul << One of Our Own << Trouble Loves Me << The Bullfighter Dies << Eart Is the Loneliest Planet << Yes, I Am Blind << Kick the Bride Down the Aisle << Meat Is Murder << Staircase at the University << I'm Not a Man << Asleep << Rappel : Suedehead << Everyday Is Like Sunday


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  • Interview de Marc Desse (Paris, 13 octobre 2014).
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Interview de Marc Desse (octobre 2014)

    Baptiste & Gérald : Peux-tu nous présenter ton parcours ? Comment t'es-tu lancé dans la musique ?
    Marc Desse : J'ai commencé la musique quand j'étais petit. Je faisais du piano au conservatoire mais je n'aimais pas trop, c'était un peu la corvée. Un déménagement m'a servi d'excuse pour arrêter le piano, ce qui a été une grosse erreur, je le reconnais aujourd'hui. J'ai donc arrêté la musique pendant plusieurs années et, vers dix-neuf ans, j'ai eu envie d'acheter une guitare. J'ai commencé à apprendre tout seul puis j'ai formé plusieurs groupes. C'est surtout en jouant avec les autres que j'ai vraiment appris à jouer, que j'ai progressé. Jusqu'au jour où j'ai rencontré les mecs avec qui j'ai monté mon premier groupe sérieux : Théâtre Metamorphosis. On faisait une musique punk, électro-punk. J'ai appris pas mal de choses avec ce groupe, on a fait beaucoup d'open mics et de concerts sur Paris. Mais ça n'a jamais vraiment décollé et on a splitté. Et quand je me suis retrouvé tout seul, comme j'avais un peu appris à utiliser les logiciels d'enregistrement, je me suis dit que, dans la petite chambre de bonne que j'occupais à l'époque, j'allais essayer d'enregistrer toute ma musique, complètement orchestrée. C'est comme ça que j'ai sorti mon premier morceau, Petite Anne, qui est sorti en split single avec le groupe The Pipers sur le label américain Bleeding Gold Records. Ca a été suivi d'un EP, lui aussi fait maison. Entre temps, j'ai rencontré David Graw, qui est batteur. Il m'a accompagné sur Vidéo Club puis sur l'album « Nuit Noire ». Cette rencontre a marqué l'avant et l'après dans la production de mes titres, on a entamé un travail par correspondance. Lui est à Détroit, moi à Paris, on ne s'est vus physiquement qu'une seule fois. Je fais le gros du travail ici : j'enregistre tous les instruments sauf la batterie. Puis je lui envoie le résultat, il joue les parties de batterie, et c'est mixé là-bas à Détroit dans le studio d'un de ses potes car il connaît très bien le milieu de la musique. C'est un choix de style car ils font sonner la musique comme je n'arriverais pas à le faire aussi facilement ici, et aussi un choix économique car ça me revient moins cher de produire mon album comme cela. Jusqu'à présent, c'était le nerf de la guerre : la seule solution possible et heureuse. C'est un super batteur et il a su imprégner ma musique du côté rock que je recherchais.

    B&G : Quelles musiques ou quels groupes t'ont influencé ?
    MD : Au départ, c'est le punk. J'écoutais des groupes comme Swans, les Dead Boys, Sonic Youth. J'écoutais aussi beaucoup de rock psyché. Je n'étais pas dans un format pop, j’aimais l'expérimentation. Au début de Théâtre Metamorphosis, j'étais anti pop, je complexifiais trop les choses, je crachais sur les batteurs et je ne voulais que des boîtes à rythmes, j'étais à fond dans l'expérimentation… Et puis j'ai découvert des groupes français comme les Mustang ou les Young Michelin, qui sont devenus Aline. Ils m'ont beaucoup soutenu à mes débuts et nous sommes devenus des potes. Ils m'ont décomplexé par rapport à la pop en français. Ça se ressent dans les derniers enregistrements de Théâtre Metamorphosis et dans mes premiers morceaux tout seul. Puis le côté rock m'a rattrapé dans l'album « Nuit Noire » et j'en suis très content. Quand on est tout seul, c'est assez dur de trouver ses marques et, avec cet album, je les ai regroupées et ça constitue un bon socle pour l'avenir. Ça ne veut pas dire que la suite sera identique mais c'est le début de l'histoire.

    B&G : Dans ton album « Nuit Noire », on trouve aussi beaucoup d'influences post-punk. Cure sur Henri et Elsa, Joy Division sur Tes Larmes, Echo & the Bunnymen sur certaines lignes de guitare de Faits d'Hiver. Et les Stranglers en général pour l'atmosphère de l'album. C'est une volonté de ta part ?
    MD : Oui, c'est un parti pris. Ce sont des groupes que j'adore. Les Stranglers, c'est mon groupe phare, je ne vais pas le cacher (rires). Il y a aussi des groupes français des années 80, comme Marquis de Sade, qui me parlent beaucoup. Pour moi, les années 80 sont l'âge d'or de la musique, le sommet de tout ce qui s'est fait depuis les années 50. En fait, je me suis dit : si je dois faire ce premier album, autant qu'il soit assumé. Le choix du style musical est extrémiste, totalement référencé. J'ai fait un mix, assez inconsciemment finalement, de tout ce que j'aime. Même s'il y a plein de choses que je n'ai pas pu faire ressortir car je voulais que l'album garde une cohérence, une unité sonore. C'est pourquoi je ne me suis pas trop éparpillé.

    B&G : Oui, il y a une unité sonore dans ton album « Nuit Noire », et il y aussi une unité dans l'atmosphère et les textes. Ton album évoque beaucoup les pertes : de l'amour, de l'amitié, du bonheur … Et pourtant, ton album n'est pas sombre.
    MD : Oui, ça a été une bonne cure.

    B&G : D'ailleurs, dans une interview sur internet, tu évoques l'expression religieuse « la nuit noire de l'âme », qui correspond tout à fait à cela.
    MD : Oui. On a perdu un peu le chemin, on cherche un passage. L'album s'appelle « Nuit Noire » car on a l’impression d'être dans une balade nocturne. C'est aussi pour cela que je mets beaucoup de parties instrumentales, parfois volontairement allongées, pour rentrer dans l'atmosphère. Et il s'appelle « Nuit Noire » car c'est aussi un moment d'égarement personnel.

    B&G : Tu as écrit tous tes textes et une vraie poésie s'en dégage. Quel est ton rapport à la littérature ? Tu écrivais avant de faire de la musique.
    MD : Au lycée, j'écrivais des poèmes. Mon rêve, c'était vraiment d'écrire. Quand je me suis mis à la guitare, ce que j'ai trouvé génial, c'est de pouvoir interpréter mes textes. Je me suis donc très vite mis à mettre mes textes en musique. Ca m'est un peu tombé dessus car je n'avais jamais fait cela.

    B&G : Comment travailles-tu ? Que fais-tu en premier : les textes ou la musique ?
    MD : Pour tous les morceaux de l'album, la mélodie est venue avec un bout de texte. Je n'écris pas avant d'avoir la musique, ça va ensemble. J'ai besoin de me mettre dans l'ambiance. Pour la chanson Nuit Noire par exemple, les trois accords du couplet sont arrivés tout de suite avec le texte. Je commence souvent par les couplets et je passe plus de temps ensuite sur les refrains.

    B&G : Tu as envisagé de chanter en anglais ?
    MD : Non, je n'arrive pas à écrire dans une autre langue que le français. Je suis bilingue espagnol, car ma mère est espagnole et mon père français, mais écrire en espagnol me paraît encore compliqué. J'aurais besoin de revivre là-bas, de parler et de penser en permanence en espagnol. Donc, écrire en anglais … Et pourtant j'écoute beaucoup de groupes anglais ou américains.

    B&G : Comment se présente la suite ? Un autre album, un EP ?
    MD : J'ai retravaillé deux morceaux de l'album qui sortiront prochainement accompagnés de clips et d'autres version inédites, de remix,... En fait, j'ai réalisé l'album « Nuit Noire » très vite, en deux mois. Je suis conscient de ses imperfections, c'est pourquoi j'ai tenu à retravailler ces deux morceaux en studio.

    B&G : Pour cet EP, tu travailles de la même manière que pour l'album : tu enregistres tous les instruments tout seul et tu envoies le tout à Détroit ?
    MD : Non. Je travaille beaucoup avec Gaël Etienne, qui travaille aussi avec Lescop ou avec Victorine. C'est un mec très doué. J'ai vraiment trouvé un partenaire musical. Pendant des années, j'ai tout fait tout seul parce que je ne trouvais personne avec qui le faire et parce que je voulais aller vite. Maintenant, je travaille tout le temps avec Gaël, y compris sur des nouveaux morceaux pour un autre EP qui devrait paraître en 2015.

    B&G : Tu n'aimerais pas revenir au format groupe ?
    MD : J'ai un groupe qui m'accompagne sur scène. Mais c'est vrai que j'ai petit pincement au cœur : j'aurais adoré avoir un groupe, pas « Marc Desse et les ... », un vrai groupe.

    B&G : Tu vas aussi partir en tournée ?
    MD : Oui. On va jouer en première partie d'Etienne Daho à Toulouse le 18 décembre. On va aussi jouer près de Lille à Lys-Lez-Lannoy, à Gand en Belgique, peut-être à Reims. On fera des concerts à Paris début 2015.

    Interview de Marc Desse (octobre 2014)

    B&G : On souhaitait aussi évoquer avec toi le festival Passer le Périph', que tu as organisé en mai dernier. Pour nous, ce festival a été un grand moment de bonheur, une sorte de kermesse de la French Pop. Encore bravo et merci !
    MD : C'est vrai que c'était une très belle journée : le soleil, le barbecue, une ambiance de fête entre copains. En fait, au départ, je devais juste faire un concert dans cette salle associative de Villejuif, Le Portail. Et puis j'ai invité des copains à venir jouer, et finalement, il y a eu huit groupes au programme ! On a tous joué pour aider l'association « Organisation des Citoyens Unis ». Et ce qui est fou, c'est que ce festival s'est monté en un mois !

    B&G : Tu comptes organiser une deuxième édition de « Passer le Périph' » ?
    MD : Je ne sais pas du tout. J'ai plein d'idées mais je ne sais pas si j'aurai le temps de les mener à bien. On m'avait demandé de le refaire en septembre mais c'était trop tôt.

    B&G : On va finir avec un questionnaire « Dernier Coup ». Dernier coup de cœur ?
    MD : Hier, j'ai revu le film « Brown Bunny » de Vincent Gallo, que j'adore. J'aime aussi beaucoup mes potes de Feu ! Chatterton, et le groupe américain Tomorrow's Tulips qui vient de sortir un super album (« When »).

    B&G : Dernier coup de gueule ?
    MD : A Bordeaux, en concert, le week-end dernier. Dès les premières notes de Petite Anne sur ma guitare, mon ampli a explosé. Finalement, ça a été un hasard heureux, j'ai fait le crooner pendant tout le concert et ça a très bien marché.

    B&G : Dernier coup dur ?
    MD : En ce moment, tout va bien ! Je n'ai pas de coup dur, c'est cool.


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  • Concert de Visconti, Le Pop In (105, rue Amelot, 75011 Paris), Mardi 30 septembre, 21h00.
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    Live report : concert de Visconti au Pop In, 30 septembre 2014

    C’est encore au Pop In que nous avons pu faire l’heureuse découverte de Visconti, tout jeune groupe au potentiel énorme et à la marge de progression évidente. On ne prend pas beaucoup de risques sur cette entreprise de divination, puisqu’Etienne Daho a fait ce simple constat il y a déjà plusieurs mois. Le pape de la pop les parraine activement : il les a propulsés en première partie pour une date la semaine dernière et il annoncé qu'il contribuera, d'une manière ou d'une autre, à la production de leur premier album.

    « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans »... C’est un peu ce qui vient à l’esprit après un concert de Visconti. Tant la prestation relève à la fois du culot, de l’innocente aisance et de la maîtrise précocement professionnelle, on se demande en effet si tout cela est bien sérieux, c’est-à-dire possible.

    Pourtant, du chemin a été parcouru depuis que Gérald les avait aperçus en première partie de Jérémy Kapone le 20 juin dernier au Paris Paris. Même leur oncle-gardien Pascal, beau-frère de Quentin, Monsieur « Record Station », le reconnaît : ils ont bien bossé, bien conscients de leur jeunesse et des ajustements à opérer pour pouvoir enfoncer le clou, notamment sur l’écriture, parfois un peu « juste ». Cela dit, il ne faut que quelques instants pour remarquer leur singularité sur la scène pop française, à ce niveau-là entendons-nous : pop en français, grandement influencée par The Charlatans. On retiendra, entre autres morceaux exécutés mardi, « Cauchemar », mêlant clavier spiritueux (Jérémy), guitare sirupeuse (Sacha), batterie garante seule de la section rythmique (Florentin), chant (Lucas) et chœur brumeux, pour former un ensemble cohérent. Une sorte d’hymne des réveils difficiles, entre délire et somnolence. Dans un autre genre, citons « 20 ans » et ses accents kinksiens, ainsi que « Rien Ne Changera Rien » et « Dandy », toutes les deux entêtantes et truffées de décharges électriques et d’autant de détonations rock. Pas étonnant, comme nous le confiait Quentin, que le public de Daho ait rapidement adopté Visconti le 25 septembre dernier, dans le cadre du DISKÖNOIR Tour à Vélizy.

    Pour les curieux, ils seront seuls à jouer au Truskel le 28 octobre prochain. Il s’agit là d’un groupe à surveiller comme le lait sur le feu, qui ne peut que monter en gamme au fil des mois, car doté d’un patrimoine stylistique et technique indéniable.

    Setlist : 20 ans > Mes Nuits > Pas Vu Pas Pris > Une Heure Pas Comme Les Autres > Déjà Demain > Rien Ne Changera Rien > De Ville En Ville > Dandy > Cauchemar > Rappel : Au Cœur De Mes Nuits


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  • - High Hazels : Misbehave

    - The Primitives : Spin-O-Rama

    - Mi Nave : Andres

    - I love you but I've chosen darkness : Faust

    -Fumer Tue : Hello Lovers

    - The Art Club : Let's start again

    - Digitale Sanguine : Etranges mélodies

    - Cléa Vincent : Château perdu

    - Alexander Van Pelt : Silent world

    - Baptiste W Hamon : Peut-être serions-nous heureux

    - Paula Frazer & Tarnation : In Some Time


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