• Interview de X&Y, 12 novembre 2015

    Interview de Juliette Heilmann et Paul Braillard du groupe X&Y, pour la sortie de leur premier EP "The Miracle Of ..."
    12 novembre 2015 - Pop In.
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.
    Photos d'Olivier REBECQ.

    Interview de X&Y, 12 novembre 2015

    Baptiste & Gérald : Racontez-nous un peu vos histoires personnelles et les moments charnières qui vous ont donné envie de faire la musique et de créer ce groupe X&Y...
    Paul Braillard (guitare, chant) : Nous sommes de deux générations différentes, Juliette et moi, mais nous avons commencé à faire sérieusement de la musique au même moment, il y a six ans. Nous nous sommes rencontrés via un groupe de reprises qui d'ailleurs a fini par s'appeler « Y » [à prononcer en anglais], ce qui donne un indice sur le nom du groupe aujourd'hui. Juliette faisait déjà partie de ce projet musical le jour où j'ai été auditionné pour en devenir le chanteur. Je me souviens que j'avais dû chanter Crying Lightning des Artic Monkeys. Reptilia des Strokes aussi. C'était très pop rock. Plus tard, je me souviens que Juliette m'a envoyé un message dans lequel elle m'annonçait qu'on allait reprendre Paranoid Android de Radiohead. C'était un pari osé…
    Juliette Heilmann (guitare) : … Mais on a réussi à sortir quelque chose qui nous ressemblait! (rires)
    PB : A cette époque on aimait bien revisiter des classiques, utiliser de l'existant comme un point de départ. On avait complètement déstructuré Smells Like Teen Spirit de Nirvana avec des accords complètement barrés…
    JH : Oui je me souviens surtout du final : tu tapais sur le clavier comme un fou, c'était sympa. Le morceau montait tout doucement en intensité, et à la fin c'était une grande explosion. L'idée, en tout cas pour certains morceaux, c'était vraiment de déconstruire la chanson pour se l'approprier.
    PB : Bref on faisait des reprises, mais, mine de rien, on s'essayait déjà à l'arrangement et la compo. Au bout de 2 ans, le groupe a fini par se séparer, justement quand on a voulu se concentrer sur la composition. On s'est retrouvés juste tous les deux avec Juliette. On a écrit pas mal de morceaux qu'on jouait en duo acoustique dans des bars pendant 2 ans encore… Et puis l'an dernier, on s'est dit que ces chansons méritaient d'être portées par un groupe.
    JH : Quand j'ai rencontré Paul j'étais à l'American School of Modern Music. Paul se formait dans son coin, en autodidacte, puis il a rejoint cette école. C'est un établissement très axé sur le jazz, donc pas forcément notre domaine de prédilection, mais qui sensibilise véritablement à l'improvisation et à l'arrangement, et qui a aussi le mérite de te faire interagir avec beaucoup de musiciens. On a tout naturellement rencontré deux personnes avec lesquelles on s’entendait bien, et qui ont su mettre leur patte dans le projet, avec des univers différents mais complémentaires : Pablo Ramirez à la batterie, et Sacha Leroy à la basse. Grâce à eux, le puzzle est complet maintenant!
    Pour l'histoire du nom de groupe… Quand on s'était retrouvé à deux, on voulait trouver un nom qui reprenait l'idée "Y" mais en évoquant notre duo, du coup « X&Y » nous est vite apparu comme une évidence. On aimait bien comment ça sonnait. On peut y voir ce qu'on veut, un homme - une femme, deux générations, les chromosomes, le début (ou la fin?) d'une histoire… Même si nous sommes quatre désormais on garde ce nom, on s'y est habitué!

    B&G : Et justement, il faut prononcer « X&Y » à l'anglaise. Cela peut se justifier par le fait que les paroles de vos morceaux sont en anglais. L'écriture en français vous intéresse-t-elle moins ?
    PB : Je n'ai pas vraiment choisi d'écrire les textes en anglais à vrai dire… Je ne me suis jamais posé la question : quand j'écrivais des paroles, c'était l'anglais qui me venait immédiatement. Comment l'expliquer ? 95 % de ce que j'écoute est en anglais. Ceci dit une petite partie de moi a envie d'écrire en français. Mais cela viendra à un moment sans que la question n'ait à se poser. Cela se fera aussi naturellement, je l'espère, que l'écriture en anglais aujourd'hui. J'ai quelques chansons en français sous le coude, mais elles ne correspondent pas à X&Y.

    B&G : Quels ont été vos premiers émois musicaux, et les groupes qui vous ont le plus influencés ?
    JH : Mon premier émoi significatif, c'est sans aucun doute Pink Floyd. Quand j'étais ado, ils m'ont littéralement obsédée : c'est le premier groupe dont j'ai écouté tous les albums, en long, en large et en travers ! C'est venu en même temps que mes premiers essais à la guitare. Ce qui me marquait le plus c'était leur son global, et en particulier celui de Gilmour. Ils pouvaient composer des mélodies très faciles à entendre et à retenir et en même temps s'évader dans des parties instrumentales plus osées et plus fouillées. Cet équilibre est une chose que j'admire. Et puis, en grandissant, je me suis rapproché des 90’s et des années 2000 : de Nirvana aux Arctic Monkeys, de Portishead à Radiohead. Paul m'a aussi fait découvrir la discographie de Blur que je connaissais peu, et d'autres groupes britpop comme Pulp.
    PB : Les chansons « triptyques » nous fascinent en fait. On avait tendance à donner un peu trop là-dedans au début : on commençait avec une mélodie, et puis le morceau pouvait partir très loin, parfois même un peu dans tous les sens. On a cadré nos compositions avec le temps, en essayant de trouver l'équilibre entre notre goût pour la musique efficace, qui parle à tout le monde, et l'envie de s'évader à travers des parties plus planantes… Il y a aussi des groupes plus actuels, qu'on admire beaucoup, par exemple The Antlers, qui possède à la fois cette ambivalence pop et musique plus planante. On suit beaucoup aussi ce qui se passe sur la scène post-rock : Godspeed You! Black Emperor par exemple, qui arrive très bien à imposer une ambiance. Leur musique nous parle énormément. On peut se retrouver à jammer à la maison dans cet esprit-là…
    JH : … le même accord qui tourne, et qui va finalement prendre une ampleur inédite. On peut se permettre ce genre de délire quand on veut, à n'importe quelle heure, sans déranger personne car nous avons une petite pièce insonorisée à domicile, avec tous nos instruments.

    G : L'EP que vous venez de sortir, « The Miracle Of... » pourrait se découper en deux parties : on retrouve l'influence Pink Floyd pour les deux premiers morceaux de votre EP, et l'influence Radiohead pour les deux derniers…
    JH : Cela me paraît cohérent de voir cet EP "coupé" en deux. Je dirais tout de même qu'il y a une influence Arctic Monkeys sur les deux premiers morceaux.
    PB : Le troisième morceau, The Right Way, est une de nos compositions les plus anciennes, d'où l'influence évidente de Radiohead. Et sur le dernier morceau, Breath in/out, on peut aussi évoquer le groupe de rock américain Spain si l'on veut trouver des ressemblances… En tout cas c'était la couleur que je recherchais quand j'ai commencé à écrire la chanson, à la limite du jazz club, avec des sons un peu traînants. On imagine bien un rideau de velours…

    G : Le groupe Spain a joué ici, au Pop In ...
    JH : On a joué dans une salle où Spain a joué ? Trop classe !
    PB : Ce morceau me fait aussi penser à Low, dans le genre slowcore.

    B&G : En fait une musique très simple, très peu de notes. Basse, batterie, chant, guitare avec un minimum de notes et d'effets. Rythme assez lent, bien deep !
    PB : Oui… Globalement ce premier EP a un côté catchy assumé, mais le second tirera plus sur nos influences sub, avec des ambiances parfois plus complexes.

    B&G : Le choix des chansons, dans la mesure où il s'agit de votre premier EP, n'est évidemment pas dû au hasard. Pouvez-vous nous dire ce que chacune représente pour vous ?
    PB : On voulait avoir un panel assez large même si ce sont les chansons les plus "simples" de notre répertoire: l'EP commence avec The Miracle Of Hell, qui est plutôt rock, tout comme Everything Will Be Alright, plus pop encore. Pour Miracle, elle est apparue il y a un ou deux ans, alors qu'on avait suffisamment de morceaux. Mais on voulait ce morceau efficace. On a décidé de se bloquer une nuit pour l'écrire. La plus longue de l'année, celle du 21 décembre. On a commencé à bosser au coucher du soleil et on a arrêté quand il s'est levé ! On s'était fixé ce challenge et voilà Miracle était là. Pour ce qui est du reste du disque c'est une sorte de descente, un retour au calme en quelque sorte.
    JH : Breath In/Out le dernier morceau est celui qui a provoqué, selon moi, la meilleure expérience lors de l'enregistrement : on l'a fait en live. A l'écoute, je pense que cela s'entend : on est davantage en osmose, on s'écoute plus les uns les autres. Il y avait aussi une part d'inconnu qui m'a beaucoup plu. J'aimerais bien qu'on laisse plus de place à ce type d'enregistrement pour le prochain CD, quitte à passer un peu plus de temps en studio : on se donne la chance d'avoir des imprévus.

    Interview de X&Y, 12 novembre 2015

    B&G : Quel est votre programme pour cette fin d'année 2015 ? On pourra venir vous voir en concert ?
    PB : On a fait quelques changements au niveau de la line-up, la personne qui assurait la deuxième guitare a quitté le groupe. Du coup, je récupère une guitare, et depuis notre dernier live, un mois en gros, nous retravaillons les arrangements en groupe. L'idée est de redéfinir un peu le son du live et de revenir à une formation classique rock : guitares, basse, batterie, chant. On va éprouver ce nouveau schéma début décembre avec deux concerts dans le Nord-Est, à Sedan au Ba-Rock Café le 5 décembre, puis le 6 décembre au No Man's Land à Volmerange-Les-Mines, près du Luxembourg. On va reprendre les dates parisiennes en janvier 2016, et repartir au plus tôt en studio pour enregistrer ce qu'on appelle la deuxième partie de l'album.
    JH : Je ne sais pas si on appellera cette deuxième publication premier album ou deuxième EP, car elle comportera huit ou neuf chansons… Peut-être un long EP !
    PB : On prévoit aussi une petite surprise, sous forme de clip.
    JH : On cherche aussi des festivals où on pourrait jouer l'été prochain, ce serait super de tourner pendant deux à trois semaines sans interruption.

    B&G : Qu'est-ce-que vous écoutez en ce moment ?
    JH : J'ai découvert récemment un groupe un peu math rock, Battles, où on retrouve des métriques un peu bizarres. Mogwai aussi, une musique bien planante. J'écoute le dernier Villagers en boucle. Et, pour les citer encore : Godspeed You !
    PB : J'ai adoré le dernier Blur, même s'ils ont toujours cet écueil de faire des albums un poil trop longs à mon goût. Plus récemment, j'écoute pas mal de groupes « ambient », comme A Winged Victory For The Sullen, Grouper, Clem Leek… J'écoute aussi pas mal John Grant. Et Tame Impala, même si je me lasse un petit peu du dernier album finalement...
    JH : J'adore Tame Impala, mais sur  « Currents », il y a un truc qui me gêne, sans trop savoir quoi. Peut-être ce virage électro qui leur enlève quelque chose selon moi…

    B&G : On arrive à la traditionnelle interview "Dernier Coup", on commence avec votre dernier coup de cœur ?
    JH : Je suis allée dans un super restaurant avec une copine. Le resto s'appelle Puce et se trouve à Pigalle. On s'est régalé.
    PB : Le triplé de Lacazette contre Saint-É.

    B&G : Dernier coup dur ?
    JH : Notre appart' est complètement mal rangé et sale, j'en ai repris conscience ce matin… En même temps, c'est pas vraiment le dernier coup dur, ça fait longtemps que c'est comme ça ! (rires)
    PB : Pareil. Y'a des cartons partout. On a reçu du nouveau matériel de musique…

    B&G : Dernier coup de gueule ?
    JH : « Il faut ranger cet appart' ! », c'est lié au coup dur !

    B&G : Dernier coup de rouge ?
    JH : Hier soir. Un cubi Monoprix, du Corbières. On le conseille !

    Prochain concert de X&Y le jeudi 7 janvier à l'Olympic Café (20, rue Léon, 75018 Paris). Toutes les infos sont disponibles sur l'événement Facebook suivant : https://www.facebook.com/events/1088647914502871/

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    Pour commander le CD de leur premier EP, ou le télécharger en mp3 :
       - Bandcamp : http://xmusicy.bandcamp.com/releases


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