• Le Portail (Villejuif). Dimanche 04 mai 2014, de 13h à 22h30
    Festival « Passer le Périph’ » (avec, dans l’ordre de passage, MARC DESSE, OTOMNE, JO WEDIN, ALINE, ALEX ROSSI, VICTORINE, SUZANNE COMBO, MUSTANG).

    Live report : festival Passer le Périph' (villejuif), 4 mai 2014

    C’est dans une ambiance de kermesse pop que s’est déroulée la première (et pas la dernière on espère) édition du festival « Passer le Périph’ » organisé par Marc Desse, personnalité fédératrice. Et quelle belle programmation : des groupes que l’on aime déjà, tant pour leur musique que pour leur personnalité, ou des groupes que nous avons découverts et qu’il faudra surveiller attentivement dans les prochains mois.

    Un point météo tout d’abord : grand soleil et chaleur printanière, et autant dire qu’avec le début de semaine pluvieux qu’on a connu, c’était presqu’inespéré ! A l’extérieur de la salle, quelques stands : Balades Sonores, qui vendait des disques, et a également assuré un DJ Set de 10 heures ininterrompues ; Les douceurs d’Annabelle (cup cakes, cheese cakes, cookies, ...) ; et bien entendu le barbecue et la buvette, inévitables !

    Côté musique, on n’a qu’un seul regret : que les sets n’aient pas duré plus longtemps ! Marc Desse pour commencer, en attendant l’album « Nuit Noire » qui sortira via le label Bordeaux Rock le 16 juin prochain, a joué quelques morceaux, dont l’incontournable Vidéo Club, une superbe reprise de Sorry Angel de Serge Gainsbourg, et le déjà classique Ma Fiancée pour finir.

    Un petit mot sur le groupe Otomne, très prometteur, qui a donné son premier concert en public dimanche à Villejuif. On retiendra tout particulièrement de leur passage un morceau en hommage à Daniel Darc. Ensuite, Jo Wedin, accompagnée de Jean Felzine, ou quand la Suède offre un petit joyau à la French Pop. Une prestation toujours aussi fusionnelle, et une pop bien huilée et très séduisante, qui nous a plongés dans l'Amérique des 50's et dans laquelle on sent la patte accrocheuse du leader de Mustang.

    Il est déjà 17 heures, et après une courte attente dans le hall qui mène à la salle, les Aline s’apprêtent à enflammer Le Portail. Ils ouvrent leur set avec La Rivière Est Profonde, un inédit du groupe, sorti pendant le Disquaire Day sur la compil’ 2014 de Hands & Arms. Signalons un autre inédit, qui sera peut-être sur prochain album, encore jamais joué en concert : Avenue des Armées. On a également eu droit aux classiques : Je Bois Et Puis Je Danse, dédicacé à Marc Desse, et le survitmainé Teen Whistle. Une remarque pour finir : Romain Guerret s'est révélé être un serial-casseur-de-cordes et a torturé trois guitares en 45 minutes. Et donc une question : qui paiera la facture ?!

    Live report : festival Passer le Périph' (villejuif), 4 mai 2014

    Tout de suite après Aline, excellent concert d'Alex Rossi, avec les très beaux Chair et Canon, Gente di mio Cuore et pour finir, évidemment, L'Ultima Canzone featuring Arnaud Pilard et Romain Guerret d'Aline.

    Juste le temps de prendre une petite pause, et nous voilà repartis vers l'univers poético-surprenant de Victorine, accompagnée, entre autres, d’un ours blanc. Elle avait apporté avec elle une tente Quechua rouge, pour les besoins d’une mise en scène originale… Pendant son concert on a également pu assister à un duel opposant Victorine, au pistolaser, à Obi Wan Kenobi, au sabre laser bien sûr, qui était venu incognito dans le public. Côté musique, on n’a pas manqué de remarquer le multi-instrumentiste Kim Giani à la batterie.

    Live report : festival Passer le Périph' (villejuif), 4 mai 2014

    Nous avons ensuite passé un petit moment humoristique en compagnie de Jean Golo puis un autre plus rock avec Suzanne Combo.

    Pour clore le festival en beauté, le groupe Mustang a donné un concert d’environ une heure. Ils ont démarré fort avec Coup de Foudre à l’Envers, et ont enchaîné avec Le Sens des Affaires, et Les Oiseaux Blessés. Evénement peu commun pour un concert du trio clermontois : le passage d’une chenille menée par Obi Wan Kenobi (toujours là et visiblement très à l’aise), mais cette fois coiffé d’un bonnet loufoque, et composée de la moitié du groupe Aline. Jean Felzine a ainsi salué l’initiative: « La dernière fois qu’on a eu une chenille pendant un de nos concerts, c’était à Saint-Etienne, et c’étaient des hippies qui l’avaient lancée ! ». Retenons aussi en milieu de set un Ecran Total survolté, titre éponyme de leur dernier album, mais aussi Sans des Filles Comme Toi, Le Pantalon et Anne-Sophie, exécutés avec toujours autant de maitrise et de caractère.

    Live report : festival Passer le Périph' (villejuif), 4 mai 2014

    On aimerait participer à de tels événements tous les week-ends, mais on sera déjà très heureux de repasser le périph l’année prochaine, et de revoir les copains ! Un grand merci et un grand bravo à Marc Desse et à son équipe !


    votre commentaire
  • - The Horrors : So now you know

    - Pendentif : La nuit dernière

    - Cranes : Jewel

    - Pegase : Ladybug

    - Etienne Daho : En surface

    - Christophe : Les mots bleus

    - Primal Scream : Goodbye Johnny

    - Alex Rossi : Je te prends

    - The Pains Of Being Pure At Heart : Simple and Sure

    - Garçon d'argent : Sensation pop

    - Kokoshca : Directo a tu Corazón

    - Suede : Metal Mickey

    - Cherry Boop & The Sound Makers : Say it loud

    - Damon Albarn : Heavy seas of love


    votre commentaire
  • Interview de Quentin, de Record Station.
    Le 10 avril 2014 - Record Station (13 rue des Récollets - 75010 Paris)
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    On croit entrer dans une étroite boutique de vinyles, et c'est en fait à un univers musical dense et étendu que l'on accède. Quentin, le fondateur et responsable de Record Station, nous y accueille pour une interview chargée de culture pop, rock, soul, jazz. En clin d’œil au disquaire du roman "High Fidelity", nous avons terminé par une série de tops, un exercice auquel tous les fans de musique devraient se plier !

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    Baptiste & Gérald : Quelle est l'histoire de Record Station ? Quand as-tu démarré l'aventure ? Qu'est-ce qui a motivé l'ouverture d'une boutique spécialisée dans les vinyles ?
    Quentin : Ca a démarré en 2009. C'est vraiment le fruit d'un fantasme. C'était ma cour de récré du samedi car je faisais ça en plus de mon boulot. Je travaillais dans une compagnie aérienne, j'allais souvent aux Etats-Unis, et c’est là-bas que je suis vraiment tombé dans l'univers des vinyles. En particulier les disques de soul. J'avais aussi l'envie d'avoir un endroit dans lequel écouter de la musique sans emmerder ma nana et les gens qui vivent avec moi : avoir une grosse discothèque quelque part, un lieu de partage musical. Et j'ai pris ce local. Au départ, je n'avais pas prévu que ça devienne un commerce : j'ouvrais juste le soir et le week-end. Et puis, ça a pris de l'ampleur car je ramenais de plus en plus de vinyles, une petite clientèle s'est créée par le bouche à oreille. Je n'ai pas eu besoin de faire de la communication et de la publicité ; et heureusement car ce n'est pas mon truc du tout (rires).

    B&G : Tu as démarré tout de suite dans le créneau des pressages originaux ?
    Q: Oui car c'est ce que je chinais pour moi. Je recherchais des pressages américains. J'ai vu très vite la différence entre un pressage original et un pressage français ou européen lambda. Mon premier contact était assez charnel : la pochette du disque qui me plaisait, l'épaisseur du carton, les pochettes dépliantes, et tout l'artwork. Et ensuite le contenu : je me suis rendu compte de la richesse et de l'amplitude du son des pressages originaux. C'était vraiment cette passion que j'avais envie de partager. Depuis que j'ai ouvert le magasin, ma culture musicale s'est très nettement élargie au contact des autres, en discutant et en partageant avec les clients. La plupart de mes clients les plus fidèles sont là depuis le début. Et avec le temps ils ont fini par développer des liens ici entre les murs du magasin, autour de la platine, en cherchant et se conseillant des disques entre eux. Ils connaissent leurs goûts respectifs et leurs points communs. Pourtant, ils ne se voient pas en dehors de la boutique qui, à force de rencontres, est devenue comme un lieu de rendez vous pérpétuel. Je me retrouve acteur et spectateur de ces échanges et j'y prends beaucoup de plaisir.

    B&G : Ici, il y a un double enrichissement : toi qui fais découvrir des disques aux clients et aussi les clients qui te font découvrir d'autres disques. Il y a toujours cet échange ?
    Q: Non, pas tous. Parfois, les gens sont un peu gênés de dire qu'ils n'y connaissent rien. Alors qu'on a presque envie d'être à leur place et d'avoir toutes ces belles choses à découvrir. Le rapport à la musique est assez singulier et personnel : il y a des disques qui te marquent à une période donnée, d'autres qui te laissent indifférent à un instant T puis, quelques années après, en fonction de ta vie (parcours sentimental, doutes ou humeurs du moment, …), te parlent tout d'un coup. Par exemple, au départ, j'étais moins sensible à des univers musicaux tels que le punk, la new wave, la scène 80's. Quelqu'un comme Etienne Daho m'a aussi fait apprécier la French pop (Jacno, Stinky Toys, ...). Je me suis aussi mis au jazz, que je n'écoutais pas du tout quand j'avais 20 ans. Au départ, j'étais plus attiré par le rock 70's ou le rock 60's, le garage, le psyché. Bien sûr, j'écoutais Cure et Joy Division. Mais des groupes comme Echo & the Bunnymen, Jesus & Mary Chain, Television, les Modern Lovers ou même Alan Vega et Suicide, c'est venu plus tard, c'était moins évident.
    Mes premières grandes histoires musicales furent Dylan et les Beatles, le genre de liaison qui te suivent toute ta vie, il y a toujours un moment où tu y reviens et c'est comme retrouver des vieux amis. Par contre, quand j'ai ouvert le magasin, j'étais dans une grosse période soul : je n'écoutais quasiment que ça et c'est ce que je faisais naturellement découvrir aux gens, avec beaucoup d'enthousiasme.

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    B&G : Pour toi, qu'est-ce qui est important dans le vinyle ?
    Q: Le vinyle rematérialise la musique et permet de s'extraire du bruit de fond. L'instant vinyle, sans parler de pressages originaux, s'est recréé ces dernières années : c'est la rencontre d'un objet qu'on a dans les mains et d'un moment pendant lequel on se pose pour écouter de la musique. Le vinyle rend ainsi ses lettres de noblesse à un art qui s'était réduit à n'être qu'un produit de consommation.

    B&G : Comment trouves-tu les disques que tu vends dans ton magasin ?
    Q: Je n'achète quasiment jamais de disques en France. Une fois que tu as pignon sur rue, beaucoup gens te demandent de venir voir les disques qu'ils ont chez eux. Comme le vinyle revient à la mode, on se persuade vite d'avoir un trésor chez soi. Je me suis ainsi retrouvé dans des endroits improbables, entouré uniquement de disques de Claude François et de C Jérôme par exemple. Le genre de situation embarrassante dans laquelle tu as juste envie de leur dire d'ouvrir les fenêtres et de faire du frisbee. Cela ne m'empêche de jeter un oeil quand on m'amène des disques au magasin mais, compte tenu de mon parcours, j'achète principalement des disques aux Etats-Unis et en Angleterre où j'ai développé beaucoup de contacts. J'ai aussi quelques correspondants japonais et scandinaves que je rencontre en Europe. D'ailleurs au Japon, contrairement à ce qui s'est passé chez nous, le marché du disque ne s'est jamais effondré car ils ont toujours respecté les amateurs de musique, en faisant des belles éditions limitées, en repartant des masters d’origine pour avoir la meilleure qualité de son possible, en respectant scrupuleusement l'artwork d'origine (les couleurs, les inserts, …).

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    B&G : Qui sont tes fournisseurs ?
    Q : Au Etats-Unis, ce sont beaucoup de particuliers : des collectionneurs et des mélomanes  (souvent des retraités). Tous ces correspondants deviennent ainsi des relais. Je ne fais pas moi-même les brocantes ni les vide-greniers car ça me prendrait trop de temps. Il faut vivre sur place pour faire ça. Mes relais vont chiner, regardent dans les journaux locaux si des collectionneurs revendent leur collection, et me mettent de côté une pré-sélection. Une fois sur place, je vérifie l'état des disques qu'ils ont pré-séléctionnés et je fais ma sélection définitive. J'en profite aussi pour rencontrer des collectionneurs privés, aller dans des magasins spécialisés, des conventions et autre dépôts. Aujourd'hui ça se complique un peu car comme le vinyle revient à la mode, beaucoup d'opportunistes qui ne sont pas de véritables amateurs de musique se sont mis sur le créneau et vendent directement sur internet. Et inexorablement le pressage original est une source qui va se tarir ...

    B&G : Combien de temps pars-tu pour aller chercher des disques ?
    Q : Je pars entre trois jours et une semaine. Quand je travaillais pour une compagnie aérienne, j'avais plus de flexibilité et ça ne me coûtait pas très cher. Parfois, j'allais aux Etats-Unis juste pour ne pas manquer une vente, quand un correspondant m'avertissait qu'une collection allait être vendue rapidement. Ça m'a permis de constituer un stock important et de lancer l'affaire. Maintenant, j'ai un vrai fonds de roulement et je vais aux Etats-Unis moins souvent, deux à trois fois par an. J'alterne les voyages avec l'Angleterre, car c'est plus proche, donc plus pratique, mais surtout pour diversifier l'offre du magasin : les pressages anglais, avec leur son détaillé et leur pochette laminée, c'est un must. Mais aussi tout le mouvement Indie puis Britpop (80's et 90's). Les vinyles de la période Britpop (en gros 1991 à 2005) sont assez rares car il y avait très peu de pressages vinyles. Et puis, ces disques font partie du patrimoine anglais, donc ils tournent très peu, sont très recherchés en Angleterre et ne restent pas longtemps sur le marché.

    B&G : Tu as déjà fait un voyage uniquement pour un disque ?
    Q : Ca peut motiver un départ. Mais, avec mon réseau, je sais que je vais aussi me déplacer pour d'autres choses. Généralement, je connais très bien mes correspondants, il y a un vrai rapport de confiance et j'attends qu'ils aient suffisamment de choses intéressantes.

    B&G : Tu connais les autres disquaires parisiens ? Ou tu es sur un créneau trop particulier ?
    Q : J'ai toujours été très indépendant. Je connais très peu physiquement les boutiques parisiennes de vinyles. J'ai surtout appris à les connaître de nom par l'intermédiaire de mes clients. C'est assez lié à mon histoire personnelle : je gardais mon argent pour chiner pendant mes voyages aux Etats-Unis. Quand j'avais dix-huit ans, j'allais un peu aux Puces : j'y ai acheté l'intégrale de Sinatra, des Pink Floyd en pressage de couleur. Mais je ne fréquentais pas les boutiques spécialisées. Actuellement, je sais qu'une nouvelle génération de disquaires s'est installée, plutôt dans le créneau des rééditions et des nouveautés.

    B : La dernière fois que je suis venu dans ta boutique, tu m'avais dit que certains disques ici étaient vraiment rares et que, parfois, tu n'avais pas envie de les voir partir.
    Q : Ça arrive. Même s'il faut qu'ils partent aussi. Mais les trouver me procure déjà beaucoup de plaisir. Après si de bonnes mains s'en emparent c'est encore mieux. Et moi-même, j'ai des réflexes de collectionneur, avec tout le côté addictif qui va avec les vinyles et cette recherche pérpetuelle de nouveautés et de raretés. En plus de classiques que l'on se doit d'avoir en stock dans de belles éditions, j'essaye d'avoir des choses moins communes et moins évidentes à proposer, donc plus difficiles à trouver. Et, me concernant, c'est ce qui maintient la flamme quelque part. Ainsi, le fait de pouvoir acheter des vinyles pour plein de gens a un peu calmé mon addiction ; je déclenche maintenant des émotions par procuration, en trouvant des disques que des personnes recherchaient depuis longtemps.

    B&G : Comment est venue ta passion pour la musique ?
    Q : Mon père est compositeur de musique contemporaine. Donc, tout ce que j’écoute aujourd'hui, je n'avais pas trop le droit ou l'opportunité de l'écouter chez mes parents. Ma passion de la musique est née de rencontres, avec des amis, à partir du lycée. On dit souvent qu'un ami est celui qui aime votre style de musique. Je me rends compte qu'ici, des personnes qui viennent d'univers complètement différents et qui ne s'adresseraient pas la parole en dehors du magasin se mettent à discuter et à partager leurs coups de cœur musicaux. Ça facilite les liens et le contact. Parfois, sur certaines ventes, je n'ai même rien à faire : un client cherche quelque chose et un autre client se met à le conseiller.

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    B&G : Ta boutique nous fait bien sûr penser au roman de Nick Hornby « High Fidelity ». On va donc poursuivre avec des Top 5.
    Q : Oui, c'est exactement ça l'esprit de ma boutique. L'ambiance de « High Fidelity », ou d'une scène du film « Hairspray » de John Waters. Et pour la petite anecdote, à Baltimore, une ville que je connais très bien, il y avait un disquaire soul qui m’a beaucoup marqué : quand tu rentrais dans cet endroit, tu te retrouvais transposé dans une autre époque, avec des gens apaisés, sans méfiance.

    B&G : Top 5 des plus belles pochettes d’albums ?
    Q : - Le premier Elvis Presley, pour ce qu'il représente, aussi pour le fait que les Clash ont repris cette pochette pour « London Calling ». Et, dans l'édition originale, il y a un truc particulier dans les couleurs, qui donnent un effet de profondeur et de 3D. Et il y a eu tellement de rééditions de cet album. J'ai d'ailleurs longtemps cru avoir l'original et, quand j'ai visité Graceland, en voyant les pochettes des albums qui sont exposées, je me suis rendu compte tout de suite que je n'avais jamais eu l'original. Depuis, je l'ai trouvé plein de fois, même s'il fait partie des disques les plus rares que j'ai vendus !
    - Ahmad Jamal, « Listen ». Ce disque n'est pas son plus connu, ni même réputé comme étant son meilleur. Mais cette pochette est juste une invitation à s'adonner à ce bonheur qu'est l'écoute d'un disque.
    - Chet Baker, « Chet Baker & Strings ». Mais il y a tellement de disques de Chet Baker qui fixent votre attention, ne serait-ce que pour leur pochette.
    - Terry Callier, « What color is love ». En plus d'être un disque splendide (pourtant pas mon préféré de l'artiste, ce serait plutôt « Occasional Rain » pour ma part), cette photo illustre tellement bien l'intimité et le moment de quiétude que constitue l'écoute d'un disque comme celui-ci.
    - The Smiths, « The Queen is Dead », pour le côté iconique avec Delon sur la photo. Toutes les pochettes des albums des Smiths sont magiques.

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    B&G : Top 5 des albums les plus rares que tu as vendus ?
    Q : - Le premier 13th Floor Elevators, « The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators ».
    - The Kinks, « The Kinks Are the Village Green Preservation Society », en édition UK mono.
    - O.V. Wright, « A Nickel and a Nail and Ace of Spades »
    - Le premier David Bowie, celui où il a une coupe de cheveux mod. Un album surtout connu des fans les plus ardus de Bowie.
    - Syl Johnson, « Dresses too short ».

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    B&G : Top 5 de tes albums décisifs ?
    Q : - Nina Simone, « Here comes the sun ».
    - Le premier Velvet Underground.
    - Bob Dylan, « Highway 61 Revisited ».
    - Pulp, « This is Hardcore ».
    - O.V. Wright, « The Bottom Line ».

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    B&G : Top 5 des albums que qui ne sont pas encore dans ta collection ou dans ton magasin mais que tu rêverais d'avoir ?
    Q : Les disques suivants, si je les rentre dans le magasin, ça me posera un vrai problème de conscience pour savoir si je les vends !
    - Howlin Wolf, « Moanin' In The Moonlight »
    - Nick Cave, « Let Love In »
    - The Sonics, « Here Are The Sonics ». Je l'ai déjà vu une fois, mais malheureusement pas en bon état et à un prix exorbitant ...
    - The Deviants, « Ptooff! »
    - Lee Moses, « Time and Place », avec le morceau Bad Girl, qui est revenu à la mode car il passe quasiment en intégralité dans le film « L'Apollonide ». Un disque maudit car le premier label sur lequel il est sorti a fait faillite peu de temps après. Donc, il y eu peu d’exemplaires originaux. Et, plus tard, le label anglais qui a sorti une réédition a aussi coulé. Cet album est très dur à trouver et très très cher.

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    B&G : Top 5 des albums récents (5 ou 10 dernières années ) ?
    Q : - Le dernier Daho, « Les Chansons de l'innocence retrouvée ». C'est une évidence. Cet album est magnifique.
    - Le premier Pete Doherty, « Grace/Wastelands », produit par Graham Coxon. D'ailleurs, c'est Graham Coxon le génie de Blur. Tous ses albums solo pourraient être dans ce top 5, en particulier « Happiness in magazines » et « The Kiss of Morning ».
    - Last Shadow Puppets, « The Age of the Understatement ». Le dernier Miles Kane (« Don’t Forget Who You Are ») est d'ailleurs très bon, bien meilleur que son premier album. Je préfére Miles Kane à Alex Turner, j'aime cette énergie mod qu'il dégage.
    - Le dernier Dr. John, « Locked Down », produit par Dan Auerbach des Black Keys, qui confirme que ce vieux son vaudou suave de la Nouvelle Orléans est intemporel.
    - Le dernier Nick Cave, « Push The Sky Away ». Un artiste à part.
    Le dernier BRMC m'a énormément plu aussi et est à mes yeux leur plus abouti. J'ai aussi beaucoup aimé les derniers Suede et Primal Scream, même si ce ne sont pas leurs meilleurs albums. Leurs concerts parisiens en 2013 étaient géniaux.

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    B&G : Top 5 des morceaux French Pop ?
    Q : - Serge Gainsbourg, Variations sur Marilou.
    - Christophe, Le temps de vivre.
    - Michel Polnareff, Je suis un homme.
    - Jacno, Mauvaise humeur, extrait de l'album « Faux témoin », produit par Etienne Daho.
    - Etienne Daho, L’Homme qui marche.

    B&G : Dans les groupes français actuels, quels sont ceux que tu apprécies et qui t'ont marqué ?
    Q : J'aime bien le virage qu'ont amorcé les BB Brunes sur leur dernier album, je trouve qu'Adrien Gallo a d'ailleurs un vrai talent d'écriture. L'album d'Aline (« Regarde Le Ciel ») est très bon, superbement produit par Jean Louis Piérot qui, à mes yeux, fait partie des meilleurs réalisateurs et arrangeurs en activité. J'ai aussi beaucoup aimé le Lescop et son atmosphère très Factory. Le dernier Coming Soon (« Tiger Meets Lion ») est assez innovant. J'ai été séduit par les morceaux J'appelle de Jérémy Kapone, qui a réussi à se construire un univers très personnel, et Ma Fiancée de Marc Desse, qui est très intéressant. Il y aussi un jeune groupe,  Mondo, dont le futur album « Abracadabra » est prometteur.

    B&G : Top 5 des chansons à écouter quand il pleut ? [précisons que nous avons préparé ce questionnaire par une journée pluvieuse ...]
    Q : - Morrissey, Everyday Is Like Sunday
    - Blur, Under The West Way
    - The Ronettes, Walking In The Rain
    - Sinatra, It Was A Very Good Year
    - Travis, Why Does It Always Rain On Me ?


    votre commentaire
  • « Unknown pleasures – Joy Division vu de l'intérieur », de Peter Hook, aux éditions Le Mot et Le Reste, janvier 2013, traduction de Suzy Borello
    Par Gérald PETITJEAN.

    "Unknown pleasures : Joy Division vu de l'intérieur", Peter Hook, éditions "Le Mot et le Reste"

    Here are the young men, the weight on their shoulders”. Ainsi commence Decades de Joy Division, ce groupe formé par des jeunes hommes vivant dans l’Angleterre postindustrielle de Thatcher, qui jouaient une musique froide, avec tout leur cœur et toute leur âme, mêlant rythmiques répétitives jusqu’à la transe, basse mélodique,  batterie martiale, guitares héritées du punk, nappes de synthé, et chant sépulcral. Des jeunes hommes qui allaient bouleverser la musique pop et influencer les générations suivantes.

    Peter Hook, qui fut le bassiste de Joy Division, nous raconte dans « Unknown Pleasures : Joy Division vu de l’intérieur » la brève histoire de ce groupe, de 1976 à 1980. Cette autobiographie se lit comme un roman d’Irvine Welsh ou de John King : le portrait de garçons de Manchester, qui montent un groupe pour s’amuser et vivre la période punk, loin de l’image arty et intellectuelle de Joy Division. Par ailleurs, les fans de Joy Division seront comblés par la chronologie détaillée, avec les setlists et les commentaires de presque tous les concerts du groupe.

    Ainsi, Peter Hook, avec une langue pleine de vie, beaucoup d’humour et parfois un peu de vacherie, nous décrit son enfance, l’envie commune avec Bernard Sumner de monter un groupe punk suite à un concert des Sex Pistols, leur rencontre avec  Ian Curtis (« un gamin avec écrit 'Hate' sur sa veste »), la quête d’un batteur jusqu’à ce que Stephen Morris les rejoigne, les premières tensions avec Bernard Sumner, les rivalités avec d’autres groupes du moment, la naissance de Factory, les difficultés à alterner boulot la journée et musique la nuit, … L’atmosphère de l’époque et l’ambiance des concerts est ainsi parfaitement restituée ; on y croise d’autres grands noms du punk finissant et de la new wave balbutiante (The Sex Pistols, Johnny Thunders & the Heartbreakers, The Buzzcocks, The Sranglers, The Durutti Column, Morrissey, Cabaret Voltaire, Echo & the Bunnymen, The Fall, The Cure, The Jam, Killing Joke, Orchestral Manœuvres in the Dark, Throbbing Gristle, …).

    Extrait : The Jam passaient le même jour que nous. Je me souviens que, pendant notre tour, Paul Weller est venu me voir pour me demander « Vous êtes le groupe de première partie ? »
    J'ai pensé : « Tu te prends pas pour de la merde, espèce de connard. »
    (…) Il était toujours persuadé que les groupes qui jouaient avec The Jam étaient leur « première partie ». Désolé mon pote, nous on est Joy Division.

    Et puis, au fur et à mesure que le groupe enchaîne des concerts de plus en plus impressionnants (même si ces concerts sont souvent donnés devant des publics très clairsemés), qu’il  invente un nouveau son avec l’aide du sorcier Martin Hannett, la santé du chanteur Ian Curtis décline, avec, entre autres, des crises d’épilepsie de plus en plus fréquentes, et une vie personnelle de plus en plus compliquée.

    Extrait : Martin a mixé Unknown Pleasures à sa façon. (…) Barney et moi, on a détesté. On trouvait ça trop faiblard. (…) Aujourd'hui, j'arrive à voir ce que Martin nous a donné, le plus beau cadeau qu'un producteur puisse offrir à un groupe. Il nous a donné l'intemporalité. C'est ce qu'est Unknown Pleasures : un album hors du temps. Pensez à tous les millions d'albums inspirés par lui qui, eux, ont vieilli, alors qu'Unknown Pleasures n'a pas pris une ride.

    Peter Hook, nous fait parfaitement ressentir la situation dans laquelle se trouve le groupe, inquiet et devinant le mal-être de Ian Curtis, mais sans se rendre vraiment compte de ce qui se passe. Ian Curtis se suicide juste avant le départ pour une tournée aux USA, et avant le succès de Joy Division (sortie de leur deuxième album « Closer », et du single Love will tear us appart). Les dernières pages, très sobres, laissent apparaître les interrogations et l’émotion de Peter Hook, qui ne l’ont probablement pas quitté depuis plus de trente ans.

    Extrait : « Bon sang, ces paroles, vous les écoutiez depuis des semaines … comment vous avez fait pour ne pas vous rendre compte qu'il était au plus bas ? » Mais non, on ne s'en rendait pas compte. (…) Je crois que c'est là que repose la contradiction : d'un côté, il était malade et vulnérable ; de l'autre c'était un dieu du rock qui hurlait tout ce qu'il pouvait.

    Sur la base de quelques morceaux de Joy Division (In a lonely place et Ceremony), Peter Hook, Bernard Sumner et Stephen Morris, accompagnés de Gillian Gilbert, formeront New Order et révolutionneront la musique pop une deuxième fois. Mais c’est une autre histoire. On espère que Peter Hook nous la racontera bientôt … Et toujours chez « Le Mot et le Reste », dont la ligne éditoriale autour de la musique est absolument remarquable et de grande qualité (« In a lonely place – Ecrits Rock » de Michka Assayas, « Tomber sous le charme – Chroniques de l'air du temps » de Dominique A, …).


    votre commentaire
  • Interview de Cléa Vincent
    07 avril 2014 – Paris (Le Pop In)
    Par Baptiste PETITJEAN.

    Interview de Cléa Vincent (07 avril 2014)

    Je retrouve Cléa Vincent devant le Pop In en fin de journée et Denis arrive en même temps pour lever le rideau de fer. Cléa a joué plusieurs fois dans la cave de ce bar, y compris lors des sessions libres du dimanche soir. Elle nous a accordé une interview qui lui ressemble : sincère, directe, légère et fantaisiste.

    Cléa Vincent : Déjà, merci de m’avoir donné rendez-vous ici au Pop In. C’est vraiment un endroit important pour moi. C’est là que j’ai commencé : j’y ai fait mon premier concert en juin 2010. J’ai également participé aux scènes ouvertes du dimanche. C’est la première fois que je fais une interview ici, ce lieu évoque beaucoup de choses. Et tous mes potes artistes jouent là aussi : Kim [Giani], Natas Loves You, Baptiste W. Hamon, My Broken Frame. C’est plutôt en anglais, sauf pour Baptiste – même s’il avait commencé ici au Pop In avec des morceaux country en anglais – et plutôt pop indé. Le Pop In est comme une maison d’artistes, un repaire pour se rencontrer, monter des groupes. Le dimanche soir, pour les scènes ouvertes, tu peux avoir dix ou douze groupes qui passent à la suite ; ensuite il suffit de repérer les siens, ses frères, pour former sa petite famille. D’ailleurs, je me souviens qu’à la fin de ma première scène ouverte, Kim est venu me voir, et il m’a dit que ma musique lui faisait penser à Dick Annegarn, un chanteur belge qui est plutôt connu de nos parents. Ce n’est pas une référence évidente, et le fait qu’il me compare à ce chanteur que j’adore nous a permis de commencer à écrire des chansons ensemble très vite après cela.

    Baptiste : Que penses-tu de l’étiquette« Gnangnan Style » [cf. article de Libération] que certains voudraient te coller ?
    CV : J’ai bien aimé que l’article mette l’accent sur la musique légère. Evidemment, ma musique est légère, je mets même un point d’honneur à ce que ma musique soit véritablement légère, easy, et un peu décalée. En revanche, les textes expriment des sentiments assez profonds. Alors « gnangnan » oui peut-être parce que je dis ce que j’ai sur le cœur. Après, forcément, si on compare la nouvelle génération French Pop à Jacques Brel et tous les chanteurs à textes, on écrit comme des brelles ! Mais on ne veut pas rivaliser avec cette scène-là. On est plus ouverts sur l’international. Les groupes qu’on écoute chantent en anglais. Alors on essaie probablement de mélanger nos influences : chanson française, musique anglo-saxonne, et musique brésilienne en ce qui me concerne. C’est clair qu’on ne fait pas du Edith Piaf !

    B : Le magazine Magic t’a référencée dans les singles du mois d’avril et te compare à Lio et Chagrin d’Amour.
    CV : Je trouve ces comparaisons très pertinentes ! Un tube comme Banana Split est bourré de sous-entendus, le texte est très provocateur. Un morceau comme Le Méchant Loup est un peu dans cet esprit-là : cela ressemble à un conte, une fable, mais un peu louche. Et puis j’ai une adoration pour Lio. Son histoire personnelle me touche beaucoup : son rapport avec sa sœur [Helena Noguerra], qui a été très présente quand Lio a eu des problèmes avec son ex-mari. Ce sont des filles très classes, avec beaucoup de profondeur.

    B : Tu crois à un succès populaire de la French Pop dans les prochaines années ? Peut-être avec des groupes comme La Femme et Mustang par exemple ?
    CV : Je souhaite de tout mon cœur que des groupes comme Mustang ou La Femme marchent aussi fort que Stromae. J’ai vu Mustang à la Machine du Moulin Rouge la semaine dernière, je les ai trouvés incroyables. Les textes sont magnifiques. Ils ont aussi beaucoup de charisme… Ça compte beaucoup le charisme. Le mec de Lescop est monté sur scène à un moment, et pareil, le type a une vraie présence, il a une gueule. Vraiment, ces gens-là m’impressionnent. Ce que je me dis aussi c’est que ces groupes-là sont des groupes assez jeunes, et que leurs amis qui peuvent être dans les médias vont finir par occuper des postes clés. En fait, c’est toute une génération qui va arriver et qui va probablement mettre la lumière sur ces nouveaux groupes et sur la French Pop. En tout cas, jusqu’à présent, je ne me reconnais dans aucun groupe qui passe à la télé. J’espère qu’il va y avoir une prise de pouvoir, un putsch (rires) de ces nouveaux groupes. Et ça commence à bouger : La Femme a obtenu une Victoire de la Musique cette année. Il y a vraiment une nouvelle scène pop française de qualité, de vrais talents, avec des groupes très attachants qui nous font un peu rêver, qui nous emportent.

    B : Tu participais avec Mustang et The Pirouettes (entre autres) à la soirée Colette organisée le 14 février dernier, comment cela s’est-il fait (cf. live report de la soirée Saint Valentin à la Gaîté Lyrique) ?
    CV : Colette, ce qui les caractérise, c’est l’avant-gardisme. Alors ils repèrent pas mal de groupes, parfois même des groupes étranges. Ils mettent un point d’honneur à prendre le risque de diffuser des formations parfois même « chelou ». Ils sont très sélectifs pour les artistes qui participent à leurs soirées. En ce qui me concerne, il y a trois ans, j’avais enregistré des reprises de bossa nova avec le label Midnight Special Records, et ils nous avaient intégré dans une de leur music box. Le Directeur artistique musical de Colette, qui est un type qui a les oreilles partout, hyper cultivé, a repéré le petit label de Victor [Peynichou, directeur du label Midnight Records] et il nous a découverts via ces reprises de bossa nova. C’est un vrai chercheur de groupes.

    B : Tu viens d’achever une petite tournée européenne, c’était comment ?!
    CV : Ce qui est génial avec ce label, c’est qu’on est une toute petite équipe : on s’occupe ensemble de la production, de l’enregistrement, des tournées. Victor et moi-même avons donc tous les deux passé des coups de fil à des salles, à des programmateurs, etc, pour organiser cette tournée. Il y a un côté multi-task dans ce label que j’adore. Au final, on a tourné environ un mois entre février et mars, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, et en France bien sûr, dans des équivalents du Pop In en fait ! On a choisi des bars un peu comme ici, avec de la bière à foison (rires) et des groupes sympas avec lesquels on a partagé le plateau.

    B : Une anecdote sur un concert au Pop In ?
    CV : J’en ai même plusieurs des anecdotes, car le dimanche soir tu vois défiler un paquet de personnes ! Parfois, tu as des gens qui viennent et qui font des « performances », au lieu de venir chanter une chanson. Ça peut être bizarre, il y aurait des choses glauques à raconter ! Après, tu as des moments intéressants, quand une personne monte sur scène et capte tout de suite l’attention, les regards. Ces différences de charisme sur scène sont cruciales.

    B : Qu’attends tu de cette année 2014 ? Quid de la sortie de la deuxième partie de ton EP « Non Mais Oui » ?
    CV : Pour le prochain EP, ce sera effectivement la deuxième partie de « Non Mais Oui », que je ferai avec Midnight. Et ensuite j’aimerais bien autoproduire mon album, mais je n’y suis pas encore, ce sera plutôt pour 2015. Malgré tout, j’ai des idées précises sur la façon dont je veux le faire, probablement dans un plus grand studio, avec la participation de Midnight.
    Pour ce qui est du premier EP, j’ai eu beaucoup d’encouragements, beaucoup plus que ce que j’aurais imaginé. C’est comme si j’avais été un peu repérée et que maintenant certaines personnes attendaient de voir ce que je vais devenir. Il y a un côté carrément pressurisant ! Tu ne peux plus te permettre de faire des bêtises. On commence à être joué en radio, à être invité à des soirées concerts, à faire des interviews. C’est génial, ça encourage à continuer de travailler.

    B : Il y a un regain d’intérêt pour la pop en français depuis quelques années. En ce qui te concerne, pourquoi avoir choisi de chanter en français ?
    CV : Ce n’est pas seulement parce que mon accent est mauvais (rires), si c’était que ça, ce ne serait pas bien grave. C’est plutôt une question d’aisance dans l’écriture. J’ai toujours été nulle en anglais. D’ailleurs je me rappelle d’un truc : lors de ma première année de fac d’économie, on m’a rendu mon premier devoir d’anglais, et j’ai eu 4/20. J’ai appelé ma meilleure amie limite en pleurs et je lui ai dit : « Cécile, je suis dégoutée, je ne comprends pas, j’ai eu 4/20 ». Et là elle me fait : «  Mais Cléa t’as toujours été nulle en anglais ! ». Il y a une complexité quand même, je suis désolée, dans cette langue ! Je suis plus à l’aise en espagnol. Les temps en anglais… Je me paume complètement.

    B : il y a « All That She Wants » [reprise d'un tube des années 1990 d'Ace of Base] tout de même sur ton EP.
    CV: Oui c’est vrai. Mais ma meilleure pote qui est américaine m’a quand même dit : « Cléa c’est quoi cet accent ?! ». Bon, depuis elle l’écoute en boucle, ça va. Je pense qu’on s’habitue à l’accent. J’ai repris ce morceau en écoutant les conseils du batteur avec qui je travaille. C’est un morceau suffisamment ancien pour être repris, mais en même temps il est dans le coup.

    B : Tu as donc arrêté la fac pour te consacrer à la musique ?
    CV : J’ai fait une licence d’éco, après je me suis inscrite en master. Et j’ai abandonné, j’ai complètement craqué. J’étais ailleurs. J’étais entourée de bosseurs de oufs qui voulaient être dans la finance, banquiers … Moi, j’étais dans la musique, je me sentais top différente, complètement à l’ouest. C’était compliqué à vivre pour moi.

    B : Tu peux nous parler un peu de ton background musical ?
    CV : Je ne joue que du clavier. Et je compose aussi un peu sur logiciel, qui est un type d’instrument comme un autre, finalement. J’ai commencé à faire des chansons parce que j’ai redoublé ma licence, j’ai donc eu six mois sabbatiques, c’était en 2007. J’étais seule chez moi, et pendant un semestre, j’ai complètement badé, en plus j’étais en plein chagrin d’amour ; l’horreur quoi. J’ai passé mon temps à écrire des chansons tristes. Mais c’est un peu hors-temps maintenant, j’ai du mal à me revoir à cette période-là. Ceci dit, à l’époque, je vivais une vraie course-poursuite de l’amour (rires), c’était l’échec ! Ça me faisait beaucoup écrire. J’aimais – j’aime toujours d’ailleurs – le jeu amoureux, la séduction. J’adorais – j’adore toujours ! – l’amour impossible. J’adore courir après des trucs que je n’atteindrai jamais. Et ça, ça m’inspire plein de chansons. Je me suis trop ‘attaquée’ à des personnes qui ne s’attachaient pas, qui pouvaient courir dix-huit lapins en même temps. C’est un peu ce que j’appelle des muses : ce sont des personnes qui n’appartiennent à personne !

    B : Et il y a eu Cléa et les Coquillages aussi ?
    CV : C’était un projet parallèle à ce que je faisais en solo. C’était un groupe de reprises de chansons en français des années 60 et 70, plutôt en bossa nova. On était six sur scène, on a beaucoup joué ensemble. On avait même joué au carnaval Colette dans le jardin des Tuileries. C’est un groupe qui n’est pas fini.

    B : Tu adores la bossa non ?
    CV : C’est à cause du Brésil – même si je n’y suis jamais allée ! Leurs chanteurs me fascinent : Gilberto Gil, Jorge Ben Jor, Caetano Veloso. Ce sont des songwriters géniaux. Je pense que ce sont les meilleurs du monde. C’est pour cela que je suis si captivée. Ils montent sur scène comme on va se brosser les dents ! Ils sont toujours en marcel et tongs, et ils viennent exploser une chanson devant des milliers de personnes.

    B : Quels ont été les rencontres et les moments décisifs de ta jeune carrière ?
    CV : Il y a le Pop In, bien sûr. Tout est parti d’ici. Il y a eu aussi ma rencontre avec Jan Ghazi, un excellent directeur artistique. Il m’avait fait signer chez Polydor. C’est quelqu’un qui me suit, et qui me donne des conseils. Et puis ma rencontre avec Victor Peynichou, qui me délivre d’excellents conseils. Je pourrais aussi parler de mon père. Je le voyais un week-end sur deux. Et il me faisait des cassettes audio de jazz pour patienter. Ces cassettes constituaient une sorte de lien affectif …

    B : Le titre de ton EP « Non Mais Oui » peut être compris de plusieurs manières : obstination, indécision et caprice. Ou bien c’est un mélange des trois ?
    CV : « Non Mais Oui » résume bien ce qu’est l’insouciance : je ne réfléchis pas à ce que je ferai demain. « Non », parce que cela peut sembler déraisonnable de faire de la musique, mais « Oui » parce que je m’en fous, c’est ce que j’ai décidé de faire de ma vie. « Non mais oui » c’est aussi l’indécision. On est face au doute tous les jours quand on fait de la musique. Ce qui ressort de mes chansons c’est donc l’insouciance, mais aussi une sorte de sensualité. La sensualité, ça m’intéresse (rires) ! C’est toute la vie, on est tous là pour ça je pense… Enfin peut-être pas tous (rires). Après, quand je parle de sensualité, je pense plus à l’amour. L’amour c’est mon objectif n°1 dans la vie ! C’est hyper beau, et j’ai envie que ça marche, j’ai envie de tout donner pour ça ! Et en ce moment je me pose une question : concrètement, la vie de famille est-elle compatible avec le fait de faire de la musique ? Est-ce possible de faire les deux correctement ? Je crois que je me pose ces questions aussi car dans ma famille il n’y a pas d’artistes. Je suis la première à avoir suivi cette voix, il faut être un peu zinzin quand même. En même temps, je ne sais même pas si se poser ces questions sert à quelque chose …

    B : Cléa, on va maintenant faire une interview "Dernier coup". Dernier coup de coeur ?
    CV : La musique de Ricky Hollywood. C’est une bête de scène en plus. Bref, il déboîte !

    B : Dernier coup de blues ?
    CV : Après la tournée européenne, vers mi-mars. C’était affreux ! On a joué tous les soirs pendant un mois. En rentrant, j’ai eu deux jours off, et je les ai passés à pleurer !

    B : Dernier coup de fil ?
    CV : C’est Victor, on s’appelle toutes les cinq minutes

    B : Dernier coup de gueule ?
    CV : J’en ai beaucoup en ce moment. Mais il y en a un que je regrette : je me suis énervée avec un vigile récemment, pour rien en plus. C’était pendant mon concert aux Trois Baudets : il ne m’a pas laissé passer alors que je jouais le soir-même. Du coup ça m’a beaucoup énervée. Mais après, je me suis senti minable, et j’ai pleuré (rires) !

    B : Dernier coup de rouge ?
    CV : Au Cosmo, à Arts et Métiers. J’étais avec mon amie la plus proche, qui m’a fait des confidences incroyables … !


    votre commentaire